Page:Lamy, Féron - Dans la terre promise, paru dans Le Soleil, Québec, du 21 nov au 17 déc 1929.pdf/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cela pourra paraître peu croyable mais la vie d’un homme non « installé » dans ce pays est un véritable enfer, été comme hiver. En été, poussé par les travaux agricoles que la saison courte ne permet pas de retarder, il ne peut songer à finir son installation dont l’insuffisance cependant le ruine — exemple : j’ai dû quelques fois passer 3 ou 4 jours à chercher pour les avoir laissés, étant à court de foin, pâturer l’herbe verte devant ma porte durant une heure ; ils avaient subitement pris le galop et disparus — inconvénients et inquiétudes qu’un enclos m’eût évités. En hiver, la température ne lui permet pas toujours de travailler au dehors, les mains nues ; et il ne peut ni faire de la clôture, ni creuser des puits, vu la terre gelée, Enfin il faut compter avec la déperdition de force morale que l’énervement quotidien d’une telle situation amène, et qui se traduit chez les uns par une tendance à l’alcoolisme, chez les autres par une inertie et un laisser-aller anéantissants.

« J’en ai connu un bon nombre ainsi, lesquels après avoir passé quelques années sur leur homestead,