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pas ; sois heureux et je le serai tout autant, et il est assez facile d’être heureux quand on sait le vouloir. Il nous appartient à nous seuls de faire notre bonheur. Et dans les mauvais jours nous possédons un appui qui manque à bien d’autres : notre amour. Bientôt pour ranimer la joie et l’espérance dans nos cœurs un petit nous viendra. Il faut comprendre que c’est moins que jamais le temps de nous décourager.

— Sois tranquille, ma chère Flore, je tiens toujours tout mon courage, et de plus tu m’es comme une cuirasse qui me protègera contre les défaillances et les rudes heurts des déceptions. Notre mutuel amour et ce petit amour qui nous viendra et que tu portes si gaiement, aussi notre amour de la terre, tout cela ne peut que nous être une garantie de bonheur. Seulement si dans l’ensemble de notre vie morale tout va bien, il y a des détails de vie matérielle qui exigent une attention particulière. Il y a nos obligations financières dont il faut tenir bon compte et qui ne peuvent pas être négligés. Ainsi M. Moore veut être payé du billet de trois mille dollars que j’ai signé en sa faveur, et nous ne possédons que 1,400 dollars. Sans doute, je pourrai un peu plus tard vendre les douze ou quatorze cents minots d’avoine que j’ai de surplus, mais ce ne sera que trois cents dollars à peu près en supposant que le prix du marché demeure à trente sous le minot.

M. Moore a-t-il insisté pour être payé de suite ?

— Oui. Il veut partir pour l’Angleterre dans quinze jours et désire se trouver là-bas au plus tard pour Noël.

— Il faudrait absolument trouver le moyen de faire un arrangement avec lui, car je ne saurais croire qu’il ne soit pas possible de nous arranger. M. Moore doit bien comprendre que la récolte n’a pas réussi, et il sait qu’après lui avoir payé mille dollars à l’achat de la terre