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dre sa ferme à Placide plutôt qu’à un autre. Ce ne pouvait être, assurément, parce que ce Canadien lui paraissait un brave et honnête garçon… Alors ? C’était à cause de l’ignorance de Placide dans la culture du sol, car un vieux routier de l’Ouest Canadien n’eût pas acheté cette ferme sans l’examiner minutieusement, du moins il ne l’aurait pas acheté, ni à ce prix, ni à ces conditions. Placide, lui, avait acheté les yeux fermés, de même qu’il avait loué d’abord la ferme sans la regarder. Et l’eût-il regardée, qu’aurait-il découvert qui pût lui causer quelque embarras ou inquiétude ?

Il allait voir ce qu’il n’avait pu voir.

À la venue de la moisson, il trouva d’abord la moissonneuse fort « démembrée ». Son employé lui déclara qu’il fallait à tout prix la réparer et acheter plusieurs pièces de rechange. La machine était à peu près ruinée comme tout le reste, d’ailleurs, de la machinerie de la ferme. Pour la première fois Placide regarda attentivement l’outillage de la terre ; hormis une charrue, cet outillage était usé. Plus tard, il apprendrait que, sur les huit chevaux qu’il avait en mains, le plus jeune avait onze ans et que le plus vieux pouvait friser la vingtaine. Les bâtiments n’avaient