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ne est tirée par quatre chevaux.

L’employé a eu l’obligeance de montrer à son patron comment manœuvrer le semoir et comment en fixer le réglage.

Tout va bien : l’un laboure, l’autre sème.

Le temps est le plus beau qui soit !

Il y a, ce printemps-là, 170 acres de blé à mettre en terre et 50 acres d’avoine. Oui, mais le labour n’est pas fait. 150 acres à labourer, herser, et semer, à part des 70 acres de labour de l’année d’avant, bien entendu.

Placide fait son devoir et son chemin ; il sème environ quinze acres par jour des 70 acres prêts à ensemencer, et il lui faut cinq jours pour accomplir sa première tâche. Aussi, est-il tout triomphant sous les louanges sans nombre que lui décoche sa femme ! Et quel appétit il vous a…

— Tu es décourageant !… lui sourit sa femme. Vraiment, tu manges comme trois

— Et je ne fais que l’ouvrage d’un seul homme… se met-il à rire le plus heureusement du monde.

Et le soir il entre tout noir de poussière… mais de cette bonne poussière des champs qui ne salit point !

Comme ça va bien et de mieux en mieux !

Après que les labours de l’année d’avant ont été semés, Placide herse le frais labour qu’a fait son employé, puis, la besogne faite, il attelle à son tour sur l’autre charrue à deux socs et emboîte derrière son homme. On tire quatre sillons à la fois… ça va vite ! Aussi, tourne-t-on tous les jours une moyenne de cinq acres et demi, quelquefois six acres, par charrue. Les chevaux, bien portants et bien nourris, sont forts et alertes, hormis peut-être deux ou trois que le coup de fouet ne semble pas humilier.

Nous avons dit que tout va bien… Oui, tout va si bien que, au 12 de mai, tout le blé est en terre.