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abordait sans expérience et sans la connaissance des méthodes de travail dans ce pays nouveau.

Si elle était fille de cultivateur, elle ignorait bien des choses dans les travaux de la terre. Hormis le soin à donner aux animaux, elle ne connaissait que les travaux de la maison. Jamais elle n’avait touché un outil ou une machine agricole, et devant ces curieuses machines aratoires que, là, elle voyait pour la première fois, elle eût été bien embarrassée de dire à son compagnon comment il fallait s’en servir.

Placide lui-même, quelque fils de cultivateur aussi, ignorait le maniement de ces instruments aratoires, telles que les charrues à deux socs et leur réglage, assez délicat si l’on tient à faire du bon labour. Il y avait encore le semoir, les moissonneuses et autres instruments plus ou moins compliqués. Sans doute, il faut bien peu de temps à un homme intelligent pour apprendre comment manier ces choses seulement, dans les premiers temps, si quelque pièce de la machinerie vient à manquer, à casser par exemple au cours du travail, il importe de savoir comment remettre une pièce de rechange, ou, si la pièce peut tenir encore, comment la rafistoler et la faire tenir aussi longtemps que possible, soit pour éviter une perte de temps en allant au village chercher une autre pièce, soit pour éviter des frais coûteux en faisant venir un homme d’expérience. Sans doute, Placide Bernier pouvait à coup sûr compter sur la complaisance de voisins, car il devient très utile de s’entre-aider en certaines circonstance… Mais bah ! on arriverait bien à se tirer d’affaire.

Ils voulaient tellement se tirer d’affaire que lui et elle passaient deux ou trois heures, tous les jours, à examiner minutieusement ces instruments et machines pour en saisir le secret et en comprendre la manœuvre. En tout cas, Placide