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disait vrai ! non, pas un n’était retourné aux États-Unis… pas un ! mais pour la bonne raison que pas un n’avait d’argent pour payer ses frais de retour.

Or, si de tels moyens de colonisation sont honnêtes, nous devons avouer de ne plus savoir le sens des mots !

III


Pendant ce temps notre train de colons poursuit sa course rapide. Il s’arrête rarement, net lorsqu’il s’arrête, comme pour reprendre haleine, c’est devant quelque petite clairière enneigée, brumeuse, au fond de laquelle s’écrasent quelques misérables cabanes de bûcherons. Mais voici Crooked River avec sa scierie à deux équipes d’hommes et qui mugit jour et nuit. Après la solitude qu’on vient de franchir c’est l’activité humaine qui reprend. Tandis que le train stationne pour refaire sa provision d’eau, en entend le grincement continu des scies, et l’on aperçoit le large étang sur lequel flottent des milliers et des milliers de billots d’épinettes. Ce qu’on regarde surtout c’est, un