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menteuse partout, et que pour promettre, ne serait-ce qu’un pain ? il faille nécessairement mentir.

Ce qui nous porte à noter — pour le meilleur bénéfice de la « vérité vraie et sans que nous songions le moins du monde à blesser qui que ce soit — qu’un grand nombre — un trop grand nombre — de nos agents-colonisateurs sont d’une grossière ignorance.

Ils vous parlent des terres boisées ainsi : « Les terres sont pour la plupart moitié bois moitié prairie. » Il faut donc croire que ces gens prennent les marécages pour des prairies, et ils ignorent tout à fait que pour rendre ces marécages propres à la culture des grains il faut des années de labeur et de patience. N’est-il pas opportun que ces agents-colonisateurs, avant d’entreprendre une propagande trompeuse, prennent un homestead, passent la salopette, manient la hache et tiennent pour quelques années les « manchons »[1] de la charrue ? Il est certain qu’ils profiteraient de cette expérience, le pays aussi et ceux-là qui viennent l’habiter et le cultiver. Ce n’est pas à rouler à travers un pays, en chemin de fer ou en automobile, qu’il sera possible de parler de ce pays-là avec justesse et vérité.

  1. Dans le langage populaire on dit « Manchons » pour « Mancherons. »
    La vérité ?… Allons donc ! Est-ce que de l’argent ne vaut pas mieux que de la vérité ?…
    Il y a des hommes assez audacieusement trempés pour parler avec un tel cynisme.