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la maison où tout la rappelait ! Je m’assis accablé : qu’allais-je devenir désormais, veuf avec cinq enfants sur les bras, dont un d’un an ?

« Mais ce fut précisément le sentiment de cette responsabilité qui me tira du désespoir ; il fallait vivre pour ces chers êtres qui étaient encore elle, et n’avaient plus que moi sur la terre.

« J’appelai les deux aînés âgés alors, lui de 14, elle de 12 ans, et je leur dis que désormais ils auraient part au gouvernement de la maison en remplacement de la chère disparue, et que leur aide m’était indispensable, ils comprirent parfaitement et firent preuve ensuite d’un sérieux que je ne soupçonnais pas — surtout Louise.

« C’est grâce à eux que j’ai pu non seulement m’en tirer, mais encore parvenir à la situation actuelle, car j’avais vieilli bien vite, et quoique « cette grande vague de l’oubli qui recouvre les douleurs humaines » eût fini par m’estomper le passé, un ressort était cassé en moi qui m’enlevait le goût de vivre,

« Maintenant, je n’existe plus que pour eux, heureux de penser que leur destinée sera meilleure que la