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UN CŒUR FIDÈLE

bonne garde et stimulait les traînards.

Une seule chose contrariait la jeune femme. C’était la présence de « la Noune », une idiote, sœur du veuf que celui-ci s’était engagé à garder toujours avec lui. « Sa vie est attachée sur le bien » lui avait dit le père en lui donnant sa ferme, et nul n’avait songé à lui donner congé. Elle faisait partie de la maison comme un meuble qui ne peut plus servir mais dont on ne veut pas se défaire. Ses petits yeux fureteurs semblaient se diriger partout à la fois, et son rire était sec et stupide. Elle avait le front plat, l’air obstiné d’une jeune bête têtue qui vous fait face. Sa folie datait de son jeune âge, et comme elle était l’aînée on ne se souvenait guère de la façon dont ce malheur lui était arrivé.