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LA MOISSON NOUVELLE


Abandonner enfin cette vie immobile,
Ces galets, ces récifs, ces rochers ennemis !
Voguer de cap en cap, louvoyer d’île en île,
S’en aller doucement sur les flots endormis !…

Mais c’est en vain. Rivés au sol héréditaire,
C’est en vain que vos bras se tordent, douloureux ;
Impuissants à briser les chaînes de la terre,
Vous retombez, vaincus, sur le roc ténébreux !…


II




Mon esprit, comme vous, beaux arbres de la rive.
Souvent aussi voudrait, libre enfin, s’élancer,
Se soustraire au limon dont toute âme est captive,
Et fuir comme l’oiseau craintif qu’on voit passer !