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LE FANTÔME.

avec le vent qui pleure sur les noires falaises. Elle ne cessait de répéter le nom de l’infidèle dont son cœur ne pouvait se détacher. Et, brisée par la douleur, un beau matin, Geneviève mourut.

Julien, de plus en plus amoureux de la brune sirène, exaltait son bonheur à tous les vents. Jamais homme au monde n’avait été plus épris d’une femme. Pour elle, il montait sur les plus hautes montagnes et cueillait les fleurs sauvages que nul œil n’a jamais vues. Ivre de joie, bravant tous les dangers, il courait au-dessus des précipices, traversait les torrents et les plaines pour apporter à sa bien-aimée les lys mystérieux qui s’ouvrent dans le silence des forêts sombres…

Or, le jour du mariage fut bientôt décidé. Après le souper des noces, quand ce fut l’heure de danser, tous les villageois en fête se pressaient autour du violon.

Et la danse commença. Les violons endiablés jouaient les airs populaires dans lesquels l’âme d’un peuple robuste exprime sa joie de vivre. Les femmes,