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LA FILLE D’ADOPTION.

dans le foyer, d’où une flamme plus vive s’éleva bientôt en langues de feu. « Si personne des siens ne vient la demander, dit le seigneur, nous la garderons. Elle sera la joie de nos vieux jours »… Sa femme acquiesça d’un sourire, et des reflets d’amour maternel passèrent dans ses yeux…

La petite sauvagesse ne fut pas réclamée. Elle devint donc leur fille d’adoption. Ils la nommèrent Diana parce qu’elle était issue des coureurs de bois et que ses pères étaient réputés adroits chasseurs, épris de la solitude des forêts. Son esprit était vif et ses yeux pétillants. Le seigneur lui enseignait lui-même à parler, à lire et à écrire ; et elle oublia bientôt sa propre langue.

Elle devint une robuste jeune fille, grande, et rousse comme feuilles d’automne. Sa chevelure, très épaisse, retombait en nattes soyeuses sur ses épaules, et ses yeux, grands et profonds, plus noirs que l’ombre des nuits, gardaient toujours une étrange expression de mystère et d’insondable nostalgie.