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LA DAME AUX CAPUCINES.

et colonisateur. Il facilitait les mariages, encourageait les familles chargées d’enfants, et cherchait à retenir les gens sur leurs terres. Quand il entendait dire qu’un jeune parlait de partir pour les fabriques d’Amérique, il le faisait mander à son presbytère et lui disait doucement : « Écoute, mon garçon, tu ne seras pas plus heureux ailleurs, sois-en sûr. L’argent est dur à faire partout. Reste encore un an sur la terre, tu verras, ça va bien aller, tu seras content… » Et le jeune homme restait, devenant un solide bûcheron et parfois un « habitant » prospère.

La voiture avançait toujours sur la route blonde, tantôt longeant les terres dont le grain était presque mûr, tantôt passant dans la forêt aux arbres touffus qui forment dôme. Parfois une perdrix surprise s’envolait d’une branche à l’autre, ou bien un cri d’épervier traversait l’air. Le soleil, jouant dans les feuilles, en faisait surgir une pluie de rayons. Ici, c’était la chanson d’une fraîche rivière, là le murmure d’un ruisseau sur les cailloux… Par intervalles, dans les pentes et sur