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LA PETITE SŒUR ANNE.

Anne. Avec des mains infiniment belles, avec des gestes infiniment doux, elle allumait les cierges et les luminaires, plaçait sur l’autel les candélabres aux reflets d’argent, et dépliait l’étole et la chasuble où sont brodés en fil d’or l’agneau pascal et les blonds épis de blé…

Durant trois grandes semaines, la mère de Dieu daigna remplir les humbles fonctions de sacristine, et quand la petite Sœur Anne revint au couvent, elle ne parut nullement surprise d’un tel prodige.

Après ce miracle, la douce religieuse fut regardée par tous comme une sainte, et le peuple tout entier l’entoura d’une profonde vénération…

Voilà la légende finie, disait l’aïeule. Et les petites filles au regard attentif demandaient encore une histoire, de cette voix claire et chantante qui ressemble au murmure de la source coulant dans la fraîcheur des bois… Mais hélas ! les fines lèvres se sont tues ; la grand’mère n’est plus. Les petites filles, devenues femmes, n’écoutent plus les légendes jolies, et le vent d’automne siffle toujours et se lamente autour des cheminées…