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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

vaillant et loyal qui la faisait si bien vivre, et qui était bon pour elle au delà de toute expression ! Il ne buvait pas, lui. Jamais il n’avait porté un verre de boisson à sa bouche. Il ne chômait pas non plus. C’est en ce moment affreux qu’elle voyait l’étendue de son amour pour lui. Celui qui était là devant elle, il est vrai que jadis elle l’avait aimé, et qu’elle l’avait pleuré avec amertume. Mais il était bien changé ; elle avait peine à le reconnaître… Il n’était plus le même homme… Quelque chose de méchant brillait au fond de ses yeux obscurs… Il avait l’air d’un homme dont l’âme est mauvaise, et dont la vie est pleine de laideurs cachées…

Elle le regardait à travers ses larmes, les deux bras levés devant elle, et sanglotant toujours….

Le Disparu jetait un regard curieux sur tout ce qui l’entourait. Il regardait avec un air d’admiration le beau poêle tout reluisant et neuf, et l’ameublement du modeste foyer qui révélait l’aisance et la paix… Les plus jeunes enfants prenaient leurs ébats autour de leur