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Toutes les tiges étaient coupées. Les moissonneurs rentraient dans leurs charrettes les pailles couchées à terre par la lame des faux. Mais cette fois encore la récolte était petite. La sécheresse avait fait de grands ravages dans les champs, et le grain bien venu était rare.

La tristesse régnait en souveraine au foyer du malade. Cette moisson manquée augmentait encore les angoisses de ces braves cœurs. Comment acquitter les redevances, comment faire les paiements obligatoires et diminuer la dette lentement accumulée ? Le marchand qui avait fait crédit était reconnu pour sa cupidité. Il ne tolérerait pas un nouveau retard ; il faudrait, coûte que coûte, lui donner de l’argent. Une lettre arriva justement, et cette lettre — qui était du marchand — disait : « Le paiement complet est dû depuis plusieurs mois. Si je ne reçois pas ce montant immédiatement, je serai dans la triste obligation de faire vendre votre bien »… À la lecture de cette nouvelle, le vieil habitant pâlit, atterré… Ses muscles décharnés se raidirent ; la sueur froide commença d’inonder son front blême que couronnaient des cheveux blancs. En son âme de vieux