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des couteaux au manche de corne, des raquettes en peau tressée, des agrès de pêche, et au-dessus de la porte trônait un grand bois d’orignal. Des bottes fraîchement nettoyées séchaient près du poêle et jetaient dans la maison une forte odeur d’huile chaude.

François Leroux alla prendre dans un coin de l’armoire un gros flacon de whisky blanc. (Il en recevait parfois en cadeau des riches chasseurs étrangers dont il était le guide). Sa femme apporta des verres, et chacun se versa à boire. Ils burent à lentes gorgées, en clappant de la langue pour louer à leur manière la rare et précieuse liqueur.

Puis, sur l’instance des nouveaux venus, qui, bien surpris de le voir en ménage, le pressaient de questions, François répondit :

— « Je vas vous conter mon histoire. » Et il commença ainsi :

— « Dans le jour, je chassais le caribou, (peau et viande étaient promises à un commerçant de Matane) et le soir je revenais au village pour voir Élise. Élise, c’était la plus belle fille du canton. Grande, élancée, des yeux brillants comme le jour et profonds comme la nuit, un sourire d’ange, et une chevelure, mes