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L’un, qui se nommait « Jack », était un grand sec aux mains noueuses, aux petits yeux mobiles embusqués sous d’épais sourcils, et qui parlait en bégayant. On ignorait tout de son origine. On le croyait un émigré anglais, venu très jeune au pays, et vivant, ici et là, d’aventures, et peut-être aussi de rapines. L’autre était un homme de la région, gras et trapu, solidement planté sur de courtes jambes. Il répondait au nom de Jean-Louis.

— « Écoute, dit Jack, qui battait des pieds et des mains pour ranimer ses membres engourdis, si on ne veut pas laisser notre carcasse aux loups, faut se dépêcher de se rendre à la première maison du “Rang”. On rentrera là pour se chauffer et laisser passer cette sale tempête. Ensuite, on continuera notre chemin. » —

L’autre acquiesça de la tête, tout en rabattant sur ses yeux les bords de son casque en peau de loutre. Puis ils enjambèrent rapidement un ravin tortueux pour tomber dans une vallée étroite, où se distinguait, vague et grise, une unique maison dont la fenêtre jetait un pâle reflet au milieu de la tourmente.

Quand ils montèrent les marches du per-