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Elle parle des matins d’été, où dans la brise fraîche, les hommes partaient au petit jour, la faucille sur l’épaule, et ne revenaient qu’à la brunante. Elle parle des soirs où l’on veillait à la chandelle, en contant de belles histoires. Elle parle des mariages joyeux où l’on chantait, où l’on riait, où l’on dansait ; des soirées en famille, des repas où chacun, jeunes et vieux, fredonnait sa chanson. Elle parle des jours ensoleillés où, dans la grande cuisine inondée de lumière, l’aïeule filait tandis que la jeune mère endormait son enfant. Ô ravissante mélopée des femmes qui berçaient leurs petits ! La vieille demeure est remplie de votre ombre, ô vaillantes mères d’autrefois !…

Ah ! pour elle, c’étaient les beaux jours ! Elle partageait la vie des êtres bien-aimés ; elle s’attristait de leurs peines, elle se réjouissait de leurs joies. Comme eux, elle souriait à la venue du printemps qui dore les plaines, réchauffe les cœurs et charme les esprits. Avec orgueil, elle aussi voyait revenir l’automne qui remplit les granges et comble les jardins. Elle tremblait avec ses maîtres quand le grand vent sifflait, quand le tonnerre grondait. Et, durant