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rant un regain de santé. Tous les rêves sont éveillés et font une ronde lumineuse dans la réjouissance printanière.

Les jeunes buissons sourient à côté des arbres vénérables. Voici que le jour danse autour des futaies et que le feuillage des peupliers frissonne dans la lumière. Les petites sources gazouillent à l’ombre des bouleaux. La forêt s’habille d’un manteau de soleil. Les violettes sauvages, tremblantes et timides, lèvent vers le jour leurs petites têtes, semblables à de minuscules clochettes. Les hauts cerisiers, les frêles aulnes, les bruyères odorantes, les broussailles en dentelle, tout s’agite, tout se redresse, tout vibre. Sous les branches qui craquent on entend le chant de l’eau vive, et le vent semble balayer une poussière d’or…

C’est l’heure des rayons, des senteurs, des calices ouverts, des ailes revenues. Les coqs chantent, les fenêtres s’ouvrent, les portes grincent. Les enfants, en robes pâles, tournent autour des vieux saules. Les moutons, lentement, s’en vont paître le long des sentiers. La cloche des vaches résonne dans la brousse lointaine, et les roues se lamentent dans l’ornière des routes.

Ô printemps, sous ton haleine de feu