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Tout le temps de ses vacances il se levait aux sons de l’Angélus et s’en allait à l’église pour communier et entendre la messe. Angèle s’y rendait aussi, parfois, en revenant de conduire ses troupeaux. Pour le regarder à son aise, elle se plaçait près du chœur, dans un banc qui longeait le mur, entre deux colonnes. Elle le contemplait comme un futur saint quand elle le voyait être de longs instants les yeux fermés, les mains jointes, en extase. Agenouillé sur un prie-Dieu, au pied du maître-autel, il demeurait immobile et pâle en son surplis blanc. Les pensées célestes illuminaient sa douce et mince figure autour de laquelle les reflets d’un vitrail faisaient des dessins lumineux. Angèle venait près de fondre en larmes quand elle songeait qu’il serait bientôt un prêtre, qu’il dirait la messe, qu’il administrerait les sacrements, enfin qu’il deviendrait un homme de Dieu avec tous les privilèges accordés aux disciples du Seigneur. Et le jour où elle communierait pour la première fois de sa main, elle se demandait si elle aurait la force de ne pas s’évanouir…

Un nouvel été tirait à sa fin. Quelques semaines encore, et ce serait le dépouille-