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moindre morceau de pain. Avec l’odeur des chaudrons son appétit se réveillait ; elle aurait aimé se mettre quelque chose sous la dent. Mais elle ne voulut pas s’arrêter encore, car il fallait, à tout prix, arriver au terme du voyage avant la nuit.

Les heures et les heures passaient. Elle se hâtait toujours sur cette route qui devait la conduire à la chère maison retrouvée. Déjà le soleil touchait le sommet des collines. Partout, c’était le même paysage, avec la mer en face ; des étendues de champs en souche ou en culture, des près piqués de hauts arbres, dont le feuillage protégeait du vent les moutons paresseux ; des vallées où couraient des ruisseaux entre des haies de saules ; des buissons, des taillis, des rideaux mouvants de peupliers ; des bois, des fermes solitaires dressant leurs bâtiments au milieu des plaines silencieuses.

Le vent, refroidi par la haute marée, jetait une fraîcheur humide venant du large. Angèle se sentait lasse et glacée. De plus, une grande faim la torturait. Cette fois, il fallait bien refaire un peu ses forces pour continuer son chemin. Elle décida de frapper à la première porte. Une voix cria : « Entrez ! » Des enfants étaient assis autour