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pas celle qui portait son mari. Mais une lettre de lui arriva bientôt, disant que son capitaine laissait le vaisseau en hivernement à Québec, qu’ils s’en retourneraient tous deux par terre, et que le long du voyage ils rendraient visite à tous les parents. Ils devaient arrêter à l’Île d’Orléans et à Saint-Jean-Port-Joli. Ils seraient de retour dans un mois environ.

Angèle fut atterrée de cette nouvelle. Encore un mois avant de retourner chez Mme Saint-Amand ! Comment trouverait-elle le courage d’aller jusqu’au bout ? Non, c’était impossible, elle n’en pouvait plus ! Elle se révoltait, ne voulait pas accepter cette épreuve qui lui paraissait au-dessus de ses forces. Elle se dit : « J’en parlerai à Madame Élise aujourd’hui ; je vais lui dire que je veux m’en aller ». La journée se passa ; une mystérieuse gêne l’empêcha d’ouvrir la bouche. Mais le soir, quand elle pénétra dans sa chambre, sa décision était irrévocable : elle se mit au lit avec l’idée de partir à pied le lendemain.

Le jour se laissait à peine deviner qu’elle était déjà sur la route, avec son petit paquet sous le bras. Les monts, encore habillés des ombres de la nuit, ressemblaient à de