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suivait pas à pas, et pour ne pas le voir pleurer, elle lui consacra tout son temps. La petite couchette fut transportée près du lit d’Angèle, dans une grande chambre neuve, du côté du soleil levant. Avec une douceur souriante, une humeur toujours égale, jour et nuit, elle surveillait son sommeil et répondait à ses moindres désirs. Le matin, dès qu’il ouvrait les yeux, il s’élançait dans ses bras, et avec autant de force que de tendresse, elle le portait à la cuisine, où elle préparait elle-même ses repas. Tout son temps passait à le calmer, le soigner, l’endormir, le distraire. Vingt fois par jour, par manie ou caprice, il ôtait de ses petits pieds bas et chaussures. Vingt fois aussi Angèle les lui remettait, passant et repassant dans leurs œillets les lacets dénoués. En hiver, elle l’amusait avec des images, des pantins, des maisons de carton qu’elle taillait et cousait avec la même maladresse et la même patience. En été, elle l’emmenait dans l’herbe, en plein soleil, tel que le docteur l’avait recommandé. Là, elle cueillait pour lui toutes les fleurs qu’il lui désignait et saisissait au vol les papillons errants.

D’autres enfants, accourus des alentours,