Page:Lamontagne-Beauregard - Au fond des bois, 1931.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— 108 —

Angèle fut envoyée d’abord à la basse-cour pour aider à soigner les volailles. Quand il lui restait du temps on lui faisait traire les vaches et préparer la nourriture des porcs. Cette préparation se faisait dans une petite cabane appelée « fournil » où se trouvaient plusieurs grands chaudrons noirs, suspendus devant un foyer fumeux qui semblait aussi vieux que le monde.

Le soir, quand elle rentrait à la maison, les enfants, qui l’aimaient, se pressaient autour d’elle, et elle les endormait à tour de rôle, sur ses genoux. Ils étaient au nombre de quatre, sans parler des plus grands. Mais elle jeta tout de suite sa préférence sur « l’avant-dernier », le petit Pierre, un bel enfant de trois ans qui, depuis sa naissance, était resté « en langueur ». Il était maigre et pâle, avait un visage allongé, de grands yeux tristes toujours prêts à pleurer, et aussi de magnifiques cheveux blonds bouclés, qui lui faisaient une tête à l’Enfant-Jésus.

Il se fit si vite à Angèle qu’il ne demanda plus sa mère, et la jeune fille reçut de Mme Saint-Amand l’ordre de s’occuper exclusivement de l’enfant. Elle dut abandonner tout travail au dehors. Le petit Pierre la