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GONFALONIER

— 1196 —

d’une église. Le soin de porter la bannière d’une église était généralement confié à l’avoué qui conduisait les hommes de l’église à l’armée. Les comtes du Vexin étaient gonfaloniers de Saint-Denis ; après la réunion du Vexin au domaine royal, le roi de France devint gonfalonier de Saint-Denis. C’est en 1124 qu’on trouve la première mention d’une levée solennelle de la bannière de Saint-Denis, appelée oriflamme, par un roi de France, pour repousser l’invasion de l’empereur Henri V. On considéra l’oriflamme de Saint-Denis comme l’étendard royal. Les comtes d’Anjou étaient gonfaloniers de Saint-Martin de Tours. La Chanson de Roland (vers 106), appelle Geolfroy d’Anjou « le reis gunfanuniers ».

L’Eglise romaine avait aussi son gonfalonier ; il portait l’étendard ou étaient brodées soit les clefs de saint Pierre, soit l’image du prince des apôtres. 11 était obligé de défendre l’Eglise romaine. Cette charge fut généralement confiée par les papes à des souverains. Citons Jacques II d’Aragon, Louis I er , roi de Hongrie, Ladislas, roi de Naples ; en ce qui concerne ce dernier, comme il aspirait à la domination de Rome, Alexandre V rendit une sentence contre lui en 1 409 et confia son office à Louis d’Anjou. On ne doit pas confondre le gonfalonier de l’Eglise avec celui du peuple romain. Cette dignité était également conférée par le souverain pontife. Une bulle de Martin V, de l’an 1424, par laquelle il nomme Pietro Astalli gonfalonier, nous renseigne sur ses fonctions. Il possédait cette charge à vie. Il devait porter l’enseigne ornée des lettres S. P. Q. R. dans les expéditions générales entreprises au nom de l’Eglise ou du peuple romain, dans les spectacles Eglise de Gonesse (d’après une photographie). et les jeux, spécialement aux courses de taureaux, aux jeux du Testaccio, et aux entrées des souverains pontifes à Rome. S’il était empêché, un de ses frères le remplaçait. II recevait une indemnité. Pierre Astalli eut pour successeur Gabriel Cesarini ; la charge de gonfalonier resta jusqu’à la fin du xvn’ siècle dans la famille Cesarini. Le cérémonial de Burcard décrit le costume du gonfalonier en 1484, lors de la prise de possession de Rome par Innocent VIII. Il était vêtu de blanc avec un manteau de taffetas ?rouge ; son cheval avait une housse aux mêmes couleurs ; quatre familiers à pied, vêtus de rouges, portant de longs bâtons blancs, raccompagnaient. En 1530, le pape Clément VII reconnut l’hérédité de la charge. D’interminables contestations s’élevèrent entre le gonfalonier et le prieur des Caporioni au sujet de la préséance : le gonfalonier l’emporta en 1559. 11 intervenait dans les conseils de la ville, du moins au xvi e siècle. Après laino’t de Philippe Cesarini en 1685, la charge fut donnée au marquis Pompeo Muti ; elle lui fut retirée l’année suivante et conférée à J.-B. Pamphili, pour lui, ses fils ou neveux à perpétuité. Cette famille s’étant éteinte en 1761, Clément XIII transféra l’office de gonfalonier à Louis Rezzonico, puis, à son frère Abbondio Rezzonico, mort en 1810. Il n’eut pas de successeur.

Gonfalonier était encore le titre de certains n.agistrats municipaux dans les villes d’Italie, spécialement à Florence, à Lucques, à Sienne et dans les Etats de l’Eglise. Au début du xui e siècle, à Florence, les gonfaloniers étaient les chefs militaires des quartiers. En 1250, lors de la réorganisation de la commune, les quartiers furent délimités, le peuple divisé en vingt compagnies et obéissant à autant de raporali, élus, et qui, le jour de la Pentecôte, recevaient au Mercato Nuovo les gonfalons qu’ils devaient porter eux-mêmes et qui se distinguaient par leurs couleurs et leurs devises. La constitution de 128(1, établie par le cardinal Latino, répartit les citoyens en six compagnies commandées par des gonfaloniers. De plus, ces compagnies formaient deux groupes, ayant chacun trois gonfaloniers de même couleur, mais portant des insignes différents. Le premier groupe avait des gonfalons blancs d’un côté, rouges de l’autre, mais le gonf’alon de la compagnie d’Oltrarn portait un petit pont rouge sur le blanc ; celui de San Pancrazio une griffe de lion rouge ; celui du Borgo, une chèvre noire. Les" gonfalons de l’autre groupe portaient leurs insignes sur le rouge ; c’étaient pour San I’iei Scheraggio un chariot bleu, pour Porta San Piero, los clefs apostoliques en jaune : pour Porta di Duomo l’image de saint Jean. La constitution de 1293 créa un gonfalonier de justice, qui, assisté de mille serviteurs armés, devait exécuter les ordres de la Seigneurie. Il faisait