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CORDOUE

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Après la conquête de Cordoue par Ferdinand, elle lut consacrée aH culte chrétien et la net principale devint l’église tandis que les autres servirent à établir cinquante-deux chapelles ; en 1523, comme cette installation paraissait défectueuse, le chapitre, malgré la résistance de l’ayuntamiento, obtint de Charles-Quint l’autorisation de construire une véritable église au milieu delà mosquée et de détruire ce qui paraîtrait gênant pour la nouvelle destination. L’empereur, trois ans après, en voyant ce qu’avait l’ait le chapitre, regretta amèrement de lui avoir donné une autorisation qui avait eu pour résultat de changer une merveille en chose monstrueuse. La construction moderne est, comme dit Th. Gautier, « une verrue architecturale ». Très richement décorée et pouvant produire un effet assez heureux, si elle était isolée, elle jure avec ce qui l’entoure et dépare complètement l’ancienne mosquée. A Cordoue, il y a encore à citer parmi les choses curieuses les ruines de l’Alcazar Viejo avec ses beaux jardins d’orangers arrosés par mille rigoles, l’Alcazar Nuevo, aujourd’hui prison, les bains maures de la Paloma, le Campo Santo, le Triunfo, monument en marbre surmonté d’une colonne avec une statue de bronze de saint Raphaël (patron de la ville), le ^^Sfe

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Vue générale de Cordoue (d"après une photographie). t fumut.ù i

palais épiscopal, avec de beaux jardins, de vastes salons et une bibliothèque publique (20,000 vol.). Tous ces édifices se trouvent dans la partie basse de la ville, à l’O. Parmi --■■".■

La colonne du Triomphe.

ceux d’une époque plus récente, il y a à peine à mentionner une plaza de Toros, au N.-O., et un théâtre. Deux promenades sont assez fréquentées : le paseo del Cran Capitan, dans l’intérieur de la ville, le paseo de la Victoria, au N.-O., où l’on jouit d’une très belle vue sur la sierra Morena. L’eau est partout très abondante. Cordoue est un marché agricole d’une grande importance ; autrefois, elle était même une cité industrielle ; elle avait de nombreuses soieries, des tanneries célèbres dont les produits, connus sous les noms de cordobaiws et guardamrcics, étaient recherchés en Amérique et à l’étranger, des ateliers d’orfèvrerie, des manufactures de tissus, etc. Aujourd’hui, l’industrie est peu active ; on ne compte que quelques fabriques d’étoffes communes et de chapeaux, quelques ateliers pour le travail des métaux. Une mine de charbon du terre, près de Cordoue, dont on a essayé l’exploitation, parait avoir très peu produit. Le commerce jadis très important est aujourd’hui presque nul ; la plus grande partie en est faite par le moyen des bateaux sur le Cuadalquivir. Le croisement des voies ferrées de Madrid à Câdiz et de Badajoz à Malaga paraît devoir ranimer un peu la vie économique de Cordoue, et dans ces dernières années la population doit avoir augmenté. Elle était au recensement de 1877 de 48,844 hab.

Histoire. — Côrdoba semble avoir été occupée par les Phéniciens et son nom en langue sémitique signifierait la « bonne ville » ou le « moulin à huile ». Elle appartint ensuite aux Carthaginois, puis aux Romains a partir de 206 av. J.-C, et devint bientôt colonie de citoyens romains ; elle joua un rdle dans les guerres civiles entre César et Pompée, devint sous Auguste le chef-lieu d’un conventus étendu, fut la cité la plus florissante de l’Esj)agne de ce temps, donna à l’Empire la famille des Sénèques et des Lucains, résista longtemps au chef des Goths, Ajila, puis devint le centre d’un émirat dépendant du khalifat de Dagdad (715 à 756) et enfin la capitale de l’empire omeyyade fondé par Abderrahman (756 à 1036). Ce fut l’époque la plus brillante de l’histoire de cette ville ; on dit qu’elle comptait alors deux cent mille maisons, quatre-vingt mille j>alais, neuf cents bains publics, d’innombrables mosquées et écoles. Elle fut reprise aux Arabes par le saint roi Ferdinand le 29 juin 1236 et reçut, le 8 avr. 1241, un fuero particulier. En 1400, elle perdit, par la peste, dit-on, 70,000 hab. Cordoue fut occupée par le corps d’armée du général Dupont en août 1808, puis en 1810 par celui du maréchal Victor ; elle a joué aussi un rôle assez actit dans les diverses révolutions qui ont eu lieu en ce siècle.

II. Province. — Lue des huit provinces formées de l’ancienne Andalousie (Espagne), se trouve presque au centre de cette région et a une superficie de 13,737 kil. q. Le climat en est généralement sain, tempéré, et le printemps y est très beau. La partie au N. du Cuadalquivir est plus froide et a même des hivers rigoureux, à cause de l’altitude ; la partie au S. du fleuve est une plaine où les étés