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CORDONNIER — CORDOUE

de Rome en 1877, exposa Jeanne d’Arc sur le bûcher (issi et 1885, au Luxembourg) ; le Printemps (1888) : Hérault d’armes (1885) ; l’Histoire (1886), pour la Sorbonne, etc.

CORDOUAN (Archéol.). Cuir fait avec la peau de chèvre ou de bouc tannée et qui fut d’abord fabriqué à Cordoue. Le maroquin différait du cordouan en ce qu’il était traité au sumac et à la noix de galle. Le cordouan était particulièrement employé dans la confection des souliers ; on le connaissait en France au xi" siècle ; entre 1064 et I0XL un certain Ulgerius de V.areere, ayant donné un serf à l’abbaye de Marmoutiers, reçut en retour une paire de bottes de cordouan. Au xui e siècle, on fabriquait cette espèce de cuir à Limoges, à Toulouse, en Provence. Un dicton populaire était ainsi formulé : « Dou royaume de Norwcglie viennent... cuirs de bouedont on fait cordouan. » Mais le cordouan d’Espagne resta toujours le plus estimé ; en ■1330, la vente du cordouan de Flandres fut même interdite à Paris. Il était aussi défendu aux cordonniers d’introduire de la basane dans les souliers de cordouan. M. Prou. Biiîl. : DtxAiiORDE, Glossaire, p. 225. — Gav, Glossaire archéologique, p. 427.

CORDOUAN (Ilot et phare de). Plusieurs tours ont été successivement bâties sur le rocher de Cordouan, à l’entrée de la Gironde. L’ilot faisait partie, suivant certains auteurs, d’une ile bien plus étendue ; suivant d’autres, il était autrefois relié au continent. La première tour semble remonter à Louis le Pieux ; la seconde a été bâtie par le prince Noir, la troisième fut commencée vers 1333 par l’architecte Louis de Foix, qui toutefois mourut avant l’achèvement de ce grand ouvrage, qui n’eut lieu qu’en 161 1 ; on en trouve la coupe dans l’architecture hydraulique du lîélidor. Avec un diamètre de 16 m. à la base, le bâtiment Ancienne tour de Cordouan.

portait d’abord un leu à 40 m. de hauteur au-dessus des hautes mers ; mais un exhaussement de 20 m. a été terminé en 1789. Le rez-de-chaussée et les deux premiers étages ont été conservés lors de ces derniers travaux, tandis que le troisième étage et la lanterne furent démolis et remplacés par une tour conique, supportant une lanterne vitrée de 3 m 10 de diamètre. L’exhaussement du feu, dit M. Allard, lut une amélioration importante pour la navigation ; mais, au point de vue de l’art, on peut regretter que l’édifice ait perdu son unité. La construction moderne contraste, en effet, par sa simplicité extérieure, avec l’élégante ornementation de l’œuvre ancienne. Malgré cela, ce phare n’en produit pas moins un effet imposant et reste à la tète des monuments consacrés à l’éclairage des côtes. A l’origine, le feu de Cordouan était entretenu avec du bois ; ensuite, vers 1723, on fit usage de charbon de terre (on allumait, dit-on, 125 livres de charbon tous les soirs et la combustion durait toute la nuit, tandis qu’il fallait renouveler le bois toutes les trois heures). On trouve dans la Description de la France (1751) de Piganol de La Force, quelques détails qui ne manquent pas d’intérêt : « Il y a toujours dans les tours quatre gardiens pour allumer le feu, qui dure toute la nuit ; ils ont des vivres pour six mois et de l’eau en abondance, par celle qui tombe sur toute la tour, et qui, au moyen des galeries du pourtour pratiquées exprès à chaque étage, se rend dans de belles citernes. Un récollet de Royan va y dire la messe tous les jours de fête et de dimanche, quand le temps le permet. Les fonds nécessaires à l’entretien se prenaient autrefois sur les tailles ; mais, par arrêt du 21 avr. 1726, on a imposé cinq sols par tonneau sur chacun des bâtiments français ou étrangers qui sortent de la rivière de Bordeaux, dont le produit sert aux réparations et entretien de cette tour. Il y a un gouverneur de Cordouan, dont les appointements se prennent sur un droit qu’on lève à Blaye sur tous les vaisseaux qui sortent de cette rivière. » A partir de 1782, on éclaira le phare de Corduuan à l’aide des réverbères de Sangrain, avec lampes à mèches plates ; mais après l’exhaussement (1789) on fit usage du premier appareil composé de réflecteurs paraboliques avec lampes à double courant d’air d’Argand. C’est également à Cordouan qu’on inaugura le système lenticulaire de Fresnel (V. ce mot). Le feu actuel de Cordouan est à éclipse, de minute en minute, à huit lentilles. M.-C. L. Bibl. : E. Allard, les Phares ; Paris, 1889, gr. in-8. CORDOUE ifiôrdoba). I. Ville. — Ville d’Espagne, chef-lieu de la province du même nom, à 442 kil. de Madrid par la voie ferrée, sur la rive droite du Guadalquivir. Elle a à peu près le la forme d’un carré dont le coté méridional est bordé par fleuve. Une enceinte d’épaisses murailles, datant des Sarrasins, mais maintenant tort délabrée, l’enveloppe ; jadis il y avait, dit-on, cent trente-deux tours, octogones, carrées, cylindriques : la plupart ont disparu ; i ! reste encore les treize portes qui donnaient accès dans la ville et dont quelques-unes sont remarquables, principalement la porte du Pont, qui tut exécutée, à ce que l’on croit, sur les plans de Herrera. Le vieux pont qui se voit au delà date peut-être de l’époque romaine, mais a été reconstruit par les Arabes ; il a seize arches et est défendu par une forteresse crénelée, la Carrahola. A l’intérieur, la ville, principalement la partie élevée ou septentrionale, ne se compose que de ruelles tortueuses, ou la circulation est peu active, et de quelques carrefours irréguliers. On y compte aussi dix-huit places, mais petites, sauf celle de la Constitution, qui est ornée de beaux édifices et entourée d’arcades ; on l’appelle aussi la Corredora, parce qu’elle servait autrefois pour les courses de taureaux et les joutes (ainsi (pie d’ailleurs pour les autodafés). Si l’aspect intérieur de Cordoue est assez misérable, l’attention du touriste est captivée par la multitude de débris du passé qu’on rencontre à chaque pas ; ici des fragments romains, là des portes trabes, de hautes galeries à ogives des vieilles mosquées et oubbas, des façades sans édifice, des ruines abandonnées, des inscriptions, des épitaphes, des morceaux de sculpture, etc. Un seul monument est vraiment remarquable : c’est l’ancienne mosquée. Commencée par Abderrahman en 770 et achevée par son fils Hichàm, sur l’emplacement d’un temple romain, elle avait dix-neuf allées dans le sens de la longueur (167 m.) et trente-six dans celui de la largeur (119 m.). Décorée au dedans et au dehors avec une incroyable somptuosité, elle passait pour le chef-d’œuvre de l’architecture musulmane. On dit qu’on y allumait quatre mille sept cents lampes pour la prière du soir et que dans certaines circonstances on en allumait plus de dix mille.