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CORDON - CORDONNERIE

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fant. Dans son ensemble, au terme de la grossesse, le cordon se présente comme une tige de la grosseur du petit doigt, tige d’un blanc nacré, enroulée en spirale sur elle-même, présentant souvent un certain nombre de bosselures et plus rarement des nœuds analogues à ceux que Ton peut former sur une corde. La structure du cordon explique son aspect ainsi que les différences assez notables que peut présenter son épaisseur. La surface blanchâtre et polie du cordon est due au prolongement de Yamnios (V. ce mot) qui constitue comme une sorte de fourreau allant se continuer sans discontinuité avec la peau du fœtus. C’est dans cette gaine que se trouve une sorte de tissu aréolaire plus concentré à la périphérie qu’au centre et contenant à son intérieur une gelée d’un blanc jaunâtre dite gélatine de Wharton. Quand cette substance est peu abondante, on a un cordon maigre dont le calibre peut être celui d’une plume d’oie. Le cordon gras est celui qui contient une quantité anormale de gélatine de Wharton ; cette quantité peut être excessive puisqu’on a vu de ces cordons égaler par leurs dimensions le volume du bras d’un enfant nouveau-né. Dépouillé de sa gaine et de son tissu gélatineux, le cordon présente au centre une grosse veine, la veine ombilicale, autour de laquelle sont enroulées côte à côte, en spirale, les deux artères ombilicales. Veines et artères présentent des valvules sur lesquelles il n’y a pas lieu d’insister, leur rôle étant assez mal déterminé. — A la naissance le cordon est coupé par l’accoucheur après avoir été lié à quelques centimètres au delà de l’ombilic. Le bout qui reste ne tarde pas à perdre sa vitalité par suite de la rétraction circulaire qui se fait au niveau de son point d’implantation sur l’abdomen. Le cordon se dessèche donc peu à peu et finit par se détacher vers le cinquième ou sixième jour, laissant au fond d’une dépression une cicatrice qui constitue ce qu’on appelle l’ombilic. 2" Pathologie. On a indiqué plus haut la structure normale du cordon. Celui-ci peut présenter des altérations pathologiques susceptibles déjouer un rôle important dans le développement du fœtus dont elles peuvent même déterminer la mort. Les principales de ces lésions sont : l’obstruction ou la sténose des vaisseaux ombilicaux, les nœuds répétés, les circulaires trop serrés et la torsion excessive du cordon. Ces lésions se définissent d’elles-mêmes et il est facile de concevoir comment elles agissent. Pour plus de détails, recourir aux traités d’accouchement et particulièrement à la thèse du D r Chantreuilsur les Dispositions du cordon qui peuvent troubler la marche de la grossesse et de l’accouchement. D r Alphandéry.

IV. Hygiène. — Cordon sanitaire (V. Hygiène publique et Quarantaine).

V. Mécanique. — Equilibre des cordons (V. Polygone funiculaire).

VI. Horticulture. — On donne le nom de cordon à des formes affectées aux arbres fruitiers et ne comportant qu’une ou deux branches de charpente. Les cordons caractérisent ce que l’on désigne sous le nom de petites formes par opposition aux grandes formes qui ont des branches de charpente multiples. Les cordons peuvent être verticaux, obliques ou horizontaux. Ils sont à une ou deux branches de charpente. Dans le premier cas la charpente s’établit simplement en laissant s’allonger chaque année la tige principale. Si l’on veut obtenir deux branches, il faut l’année delà plantation couper l’arbre au-dessus du point où il doit se bifurquer. Les cordons verticaux et obliques servent dans la culture en espalier et en contre -espalier. Les poiriers , les pommiers, les vignes sont les arbres qui se soumettent le mieux à ces formes particulières. La distance qui doit être réservée entre chaque pied d’arbreestla même que l’on doit conserver entre chaque branche de charpente, soit m 35 pour les poiriers et les pommiers et m (i0 pour les vignes. Dans les cas de plantations de cordon a deux branches, la distance entre deux arbres devient double. Pour la vigne l’on plante souvent en cordons alternes, c.-à-d. que l’on ne réserve entre chaque plant qu’une distance de moitié et l’on dirige alors les arbres de telle sorte que les uns garnissent le bas du mur de leurs branches fruitières, tandis que les autres, alternativement dénudées dans le bas, ne garnissent que le haut. Les cordons horizontaux servent de lien de bordure de carré d’arbres ; on les tend alors sur des fils de fer ; ou bien on les fait courir au bas des espaliers. Cette torme est spécialement réservée aux pommiers. Autrefois on cultivait ainsi les vignes à Thomery. J. D.

VIL Reaux-Arts. — Filet ou moulure peu saillante qui règne horizontalement sur un mur vertical ou au pourtour d’un appartement. Le cordon diffère du bandeau (V. ce mot), avec lequel on le confond quelquefois, parce que ce dernier sert à accuser assez souvent sur une façade une division intérieure d’étages ou fournit un appui continu aux chambranles de croisées décorant cette façade, tandis que le cordon, surtout dans l’architecture romane où il a été le plus fréquemment employé, relève surtout du goût et n’a d’autre objet que de détruire la nudité de façades verticales trop hautes. — On appelle aussi cordon l’incrustation d’une rangée de briques formant saillie ou tranchant parleur coloration sur le nu d’une façade ou au pourtour du chambranle d’une baie ou de l’archivolte d’un arc. Charles Lucas. VIII. Géologie. — Cordon littoral (V. Appareil). IX. Art militaire. — Cordon de drapeau (V. Drapeau). Cordon de troupes (V. Tactique).

Beaux-Arts. — Vioi.let-le-Duc, Dict. de l’architecture française ; Paris, 1868, t. IV.

CORDON. Com. du dép. de la Haute-Savoie, arr. de Bonneville, cant. de Sallanches ; 704 hab. CORDON (Françoise) (V. Belonde [M 116 ]). CORDONNERIE. Pour la question professionnelle, v. Cordonnier. Nous n’étudierons ici que la question technique. A ce point de vue on peut dire que l’industrie de la cordonnerie est restée presque stationnaire pendant des milliers d’années. Chez les ouvriers des premiers âges et chez ceux du commencement de ce siècle, l’outillage et les procédés d’exécution sont pour ainsi dire les mêmes : une alêne, un tranchet, une forme, un marteau : voilà pour l’outillage ; la couture au fil enduit de poix, la teinture noire à la noix de galle ou au cirage : voilà pour l’exécution. Mais, dans les premières années du xix e siècle, les progrès de la science d’une part, et de l’autre l’augmentation croissante de la consommation ayant transformé toutes les industries, celle de la chaussure n’échappa pas à la loi commune. Dès lors, ses progrès sont aussi rapides qu’ils avaient été lents jusquelà. Tout en utilisant des instruments de travail, non créés pour elle, et qui trouvaient leur emploi dans presque toutes les industries, tels que découpoirs, emporte-pièces, machines à coudre, elle imaginait d’ingénieux perfectionnements qui eurent pour effet de substituera la couture des semelles les procédés plus rapides et moins coûteux du clonage et du vissage. Depuis le premier brevet sur ce sujet, pris en 1838 par Tollin, jusqu’à nos jours, nous signalerons la détermination, par Duméry, en 4844, des conditions rationnelles que doit remplir le nouveau mode de travail, les machines à visser imaginées par Lemercier et Cabourg, et enfin les machines américaines appliquant la mécanique aux chaussures cousues et grâce auxquelles, aujourd’hui, rien n’est plus aisé que de faire une chaussure de toutes pièces depuis le moment où le cuir entre dans l’usine jusqu’à celui où la chaussure est mise en rayon, sans que le travail à exécuter comporte d’autres opérations que le guidage des machines, l’ouvrier n’employant aucun outil manuel.

Aussi le commercede la chaussure a-t-il pris une extension considérable. Alors qu’en 1847 la France ne produisait que 45 millions de paires de chaussures, dont 23 millions consommées à l’intérieur, et le reste (22 millions) livré à l’exportation ; en 1860, ce chiffre était monté à 83 millions, dont 43 pour la consommation intérieure ; en 1880, il s’élevait à 100 millions et le montant des sa-