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CONFUCIUS

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et le révèrent comme le Sage par excellence. Sa famille [ remontait au célèbre empereur Hoang-ti et après avoir quitté le pays de Soung, vint s’établir définitivement dans celui de Lou (partie du Chan-toung actuel). Son père, Kongchou Liang-he, n’ayant eu que des filles d’un premier mariage, épousa en secondes noces une jeune fille de la famille Yen, dont il eut, en Sol, à Tseou, un fils qui reçut le nom de Kieou à cause d’une protubérance qu’il avait sur la tête, et le surnom de Tchoung-ni, qui est notre philosophe.

Confucius n’eut d’ailleurs lui-même qu’un fils auquel il survécut et qui suffit à perpétuer sa descendance, anoblie par l’empereur Kaotsou, de la dynastie des Han (vers 200 av. J.-C), qui existe encore dans le Chan-toung. Le chef de la famille porte le titre de duc {Kong). Kong-kieou perdit .son père à l’âge de trois ans, et sa mère Tcheng-tsai quitta le district de Tchang-ping pour aller s’établir dans celui de Ku-feou. Elevé d’abord par sa mère, le jeune Kieou fut, à l’âge de sept ans, envoyé dans une école tenue par un lettré distingué, nommé Ping-tchoung ; il ne tarda pas à se faire remarquer non seulement par son amour du travail, mais encore par sa gravité précoce, et son maître le choisit pour faire répéter leurs leçons à ses condisciples moins bien doués que lui. A dix-sept ans, il accepta un poste de fonctionnaire inspecteur de la vente et de la distribution des grains ; à dix-neuf ans, Kong épousa Ki Kouan-che qui appartenait à la famille Ki, du royaume de Soung ; il en eut l’année suivante un fils qu’il appela Pe-yu. A vingt et un ans, sa réputation étant devenue grande, il tut nommé inspecteur général des campagnes et des troupeaux, avec mission de réprimer les abus. Pendant quatre ans, il remplit ses fonctions avec un zèle qui lui permettait d’aspirer à de hautes dignités, lorsque la mort de sa mère, à peine âgée de quarante ans, lui fit prendre une retraite de trois ans, renouvelant ainsi une coutume qui est encore aujourd’hui en usage en Chine. Confucius continua à se perfectionner dans l’étude de la philosophie. Il fit une visite à la ville deLoh, près de la ville actuelle de Honan-lou, et l’on prétend qu’il y eut une entrevue avec le célèbre Lao-tseu. En 517, l’Etat de Lou étant en pleine anarchie, Confucius se retira à la cour de Tsi, puis il revint dans son pays, où, pendant quelques années encore, il n’occupa aucune fonction publique. Tchao-Koung, roi de Lou, étant mort en exil, eut pour successeur son frère Ting-Koung qui, en 501, nomma Confucius gouverneur de la ville de Tchoung-tou, poste dans lequel il se distingua tellement que, l’année suivante, il était nommé ministre des travaux publics, puis ministre de la justice. La prospérité de l’Etat de Lou sous la sage administration de Confucius excita la jalousie du roi de Tsi ; celui-ci, pour détacher Tingdeson ministre, envoya à la cour de Lou quatrevingts des plus belles courtisanes de Tsi et cent vingt superbes chevaux en présents. L’effet de ce cadeau dangereux ne tarda pas à se taire sentir ; Confucius, alors âgé de cinquante-quatre ans (497), se décida à quitter le royaume de Lou, ou il ne rentra qu’en 484. Il se mit donc à voyager dans les différents Etats qui composaient la Chine ; sa réputation allait grandissant et le nombre de ses disciples augmentait sans cesse. Il parcourut les royaumes de Wei, de Tsao, de Soung, de Tcheng, de Tchen, etc. Cependant le roi Ting, de Lou, étant mort en 495, son fils et successeur, Ngai, le rappela de Wei, mais le rôle politique du Sage était désormais fini et il mourut à l’âge de soixante-treize ans, le jour Ki-tcheou de la quatrième lune de la seizième année de Ngai-Keung, roi de Lou, la quarante et unième du règne de King-ouang, vingt-cinquième empereur de la dynastie des Teheou, 479 av. J.-C. Son petit-fils, Tseu-seu étant trop jeune, ses disciples, Tseu-Koung et Koung Hi-tche, se chargèrent des funérailles. La doctrine de Confucius est moins une philosophie qu’une murale : une morale reposant sur des vertus naturelles, n’ayant rien d’héroïque, avec un côté pratique ; une morale codifiant pour ainsi dire les sentiments, prenant par exemple la piété filiale, étendant son caractère au delà de la famille, jusqu’à l’empereur, le gouvernement, la nation et prévoyant dans les préceptes tous les cas, toutes les circonstances dans lesquelles les théories doivent être mises en pratique. C’est justement ce côté essentiellement humain, essentiellement terre à terre, qui a donné de la durée à la doctrine de Confucius : elle est claire, limpide, compréhensible pour tous, n’a rien des obscurités, ni en même temps du génie de Lao-tseu. Cette doctrine est renfermée dans les livres classiques désignés sous le nom général de King ; nous en avons donné rémunération au mot Chine. Tous ces livres, quoique appartenant à l’école de Confucius, sont loin d’être en entier l’œuvre personnelle du Sage, dont nous allons essayer de marquer la part. Dix sections : Che-yi, ieYY-king ; le Chou-king est une compilation par Confucius de ce qui restait des histoires de Yu et des dynasties des Hia, des Chang et des Teheou ; il se composait de cent chapitres qui comprenaient l’histoire de la Chine depuis les empereurs Yao et Chun, jusqu’à Ping-wang de la dynastie des Teheou (720 av. J.-C.) ; aujourd’hui l’ouvrage renferme cinquante-huit chapitres ; il a subi des remaniements, de nouvelles rédactions et des deux textes qui nous en restent, l’ancien et le moderne Kou-wen et Kin-iven, ce dernier parait être le plus authentique et compreud trente-trois chapitres sur cinquante-huit. Le Chi-king est une collection des odes au nombre de trois cent onze répandues à l’époque des Teheou dans les petits Etats de la Chine, recueillies et arrangées par Confucius. Le Ichoun-tsieou, annales du Printemps et de l’Automne, est le seul des cinq grands King qui ait été vraiment écrit par Confucius : c’est l’histoire de son pays, du pays de Lou, de 722 à 481 av. J.-C. C’est avec des matériaux rassemblés par ses disciples dans les archives de l’Etat de Teheou que Confucius a pu compiler cet ouvrage. Il faut y ajouter les trois commentaires faits l’un par Tso Kieou-ming sous le titre de Iso-tchouen ; un second au commencement des Han par Kong-yang Kao et le dernier vers le milieu du siècle av. J.-C. par Keoulang. Dans les Se-chou, quatre livres classiques, des onze chapitres qui composent le la-lrio, grande étude, le premier renferme les paroles de Confucius, les dix autres sont de Tseng-tseu, son disciple ; le Tchoung-young est de Tseu-seu son petit-fils ; le Luen-yu, conversations entre Confucius et ses disciples, en vingt chapitres, n’a pas été rédigé par lui, pas plus naturellement que le livre deMendus. Le Hiao-king, livre de la pitié filiale (V. Chine), est une conversation entre Confucius et son disciple Tsengtseu : il a été rédigé par un autre disciple dont on n’a pas conservé le nom. Quoique ces livres n’aient pas été tous, comme je l’ai dit, écrits par Confucius, ils ont tous son empreinte et s’inspirent de ses idées.

Lorsque Chi Hoang-ti, le grand empereur Tsin, voulut, en proscrivant les livres, anéantir tout vestige de la dynastie des Teheou, les œuvres de Confucius et les rituels eurent spécialement à souffrir de la destruction ordonnée par ce monarque. Le Tcheou-li, rituel des Teheou, fut particulièrement désigné à la destruction par les Tsin, qui avaient conservé les rites des Chang, ainsi que le Chouking, livre d’histoire. On raconte que, lors de la renaissance littéraire, à l’époque des Han (178 av. J.-C), un vieillard, nommé Fun-sang, habitant de Tsi-nan dans le Chan-toung, se rappelant par cœur vingt-neuf chapitres du Chou-Ring, on put reconstituer un texte de ce livre. En 140 av. J.-C, sous le règne de l’empereur Wou-ti, l’habitation de Confucius fut démolie par ordre de Kong-wang, prince de Lou, et l’on trouva dans les murs plusieurs livres dont un exemplaire du Chou-king, du rituel I-li, du Hiaoking, qui permirent de donner de nouveaux textes de ces ouvrages. Quelque grande que soit la popularité de Confucius, elle a été certainement accrue par le développement des doctrines du Sage, à l’époque dos Soung, par le grand philosophe Tchou-lïi (1130-1200).

Les étrangers désignent généralement sous le nom de