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BOINIFACIO — BON1N

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dans ce naufrage. Le reste de l’équipage gagna la plage voisine de Roccapina. En sortant du détroit du cùlé opposé aux Moines, on trouve sur la côte N.-E. de la Sardaigne, un groupe d’Iles plus étendues et presque toutes peuplées. La plus grande est celle de la Madeleine, et la plus célèbre, parce qu’elle a été longtemps habitée par Garibaldi, celle de Caprera. Corazzi.

BON I FACIO (Giovanni), jurisconsulte, historien et littérateur italien, né à Bovigo en 1547, mort à Padoue en 1635. Apres avoir exercé la profession d’avocat, il devint assesseur des tribunaux et fut envoyé, en cette qualité, dans plusieurs villes de l’Etat de Venise. On a de lui, outre diverses poésies, des traités de droit et des discours académiques, un Traité de l’art de parler par signes (1616), et surtout une Histoire de Trévise diuisée en Xll livres (Trévise, 1591 ; Venise, 1748). G. L. BONI FACIO (Balthazar), neveu du précédent, jurisconsulte, littérateur et théologien italien, né en 1586, mort en 1659. Il professa le droit à Bovigo, puis à Venise. Cependant il avait reçu les ordres : il devint ainsi successivement archiprêtre à Bovigo, archidiacre de Venise et évêque de Capo-d’Istria. Il fonda deux académies, une ù Venise, pour la noblesse, et à Trévise, celle des Solli~ citi. Les principaux ouvrages de Balthazar Bonifacio sont intitulés : Discorso dell’ immortulitadelT anima (Venise, 1621) ; Stichidicon (Venise, 1619), recueil de toutes ses poésies latines ; Prœlectiones et civilium institutionum epitome (Venise, 1632) ; Panegyrici sacri (1657) ; etc. G. L.

BONIFAZIO (Les) ou BONIFACIO. Famille de peintres véronais installée à Venise au xvi e siècle et qui s’y rendit célèbre parmi les successeurs du Titien. On a longtemps cru qu’il n’avait existé qu’un artiste de ce nom. De là, difficulté pour faire s’accorder ensemble les renseignements souvent contradictoires des anciens historiens. Zanolto et après lui Villot (catalogue du Louvre) s’étaient en partie douté de la vérité. Mais c’est seulement depuis les travaux récents de Morelli (Appendice à Bernasconi) et de Lermolieff que la question parait à peu près éclaircie. 11 y eut trois Bonifazio. ILes deux aines, que étaient peut-être frères, seraient nés tous deux à Vérone : Bonifazio Veronese le Vieux (mort en 1540) et Bonifazio Yeronese le Jeune (celui dont le nécrologe de Sant’ Ermagora enregistre le décès à la date du 19 oct. 1553). Le plus jeune, peut-être fils de l’un d’eux et né à Venise, Bonifazio Veneùano, travaillait encore en 1579. Au reste, il ne faut pas attacher une importance exagérée à ces distinctions, croire par exemple que Vasari, Bidolfi, Boschini ou Zanetti qui parlent d’un Bonifazio Vénitien n’ont en vue que le dernier, tandis que Sansovino, Biancolini, Lomazzo ou l’anonyme de Morelli désignent l’un des premiers sous le nom de Bonifazio Véronais. La confusion a dû se faire de bonne heure à Venise entre ces artistes qui de fait étaient devenus absolument Vénitiens et dont les œuvres se ressemblent comme celles des Bassan. Ce fut une famille d’imitateurs. L’ainé aurait été, nous dit-on, élève de Palma Vecchio, mais fort influencé également par Giorgione et Titien. Les autres l’imitèrent. Aussi est-il extrêmement délicat, pour ne pas dire impossible de faire entre eux l’exacte répartition des nombreuses toiles qu’on leur attribue et dont on a même tendance à déposséder de nos jours en leur faveur des maîtres plus illustres. Les essais de catalogue tentés jusqu’ici laissent prise à quelque scepticisme. Peut être est-il plus sage de classer en général les œuvres des Bonifazio sous la même rubrique, de les regarder comme produits d’un même atelier. Leurs peintures décoraient à Venise un grand nombre d’édifices publics ou privés, ainsi qu’on le voit par les anciens guides vénitiens (Magistrato dell’ Entrate, del Sale, délia cassa del consiglio de’ Dieci, églises des Servîtes, de San Zanipoli, Scuo’a de’ Sarti, etc.). Elles sont aujourd’hui our la plupart dispersées ou ont été recueillies à l’Acaémie et au palais ducal. Le premier des Bonifazio parait avoir été l’homme de talent de la famille. On s’accorde à lui donner quelques-unes des plus belles œuvres du Musée de Venise : l’admirable Repas du mauvais riche qui vaut presque un Titien, la grande Adoration des Mages, le Christ trônant entouré de saints, le Massacre des Innocents, divers Moïse sauvé des eaux (à la Bréra, au musée de Dresde), des Saintes familles, etc. 11 est assez dillicile toutefois de le distinguer du second. On croit qu’ils ont travaillé fréquemment ensemble. La petite Adoration des Mages, le Jugement de Salomon, la Femme adultère du musée de Venise seraient œuvres communes. La superbe Sainte Famille entourée de saints (ancienne collection Mazarin), au musée du Louvre, est-elle de l’un ou de l’autre.’ Il serait téméraire de fe prononcer. Le dernier des Bonifazio fut souvent aussi digne des deux aînés, qui avaient sans doute été ses maîtres. Burckhardt lui attribue les deux grandes Cènes de San Angelo Baffaelle et de Santa Maria Mater Domini, le médiocre Christ parmi les docteurs du palais Pitti, le P,etour de l’Enfant prodigue du palais Borghèse, la Vierge entourée de saints du palais Colonna, etc. De qui étaient les tableaux mythologiques ou allégoriques dont parle Bidolfi, en particulier les six grandes pièces des Triomphes de Pétrarque qui furent transportées en Angleterre ? Autre question obscure. — Artistes de second ordre, sans originalité d’invention, qui adoptèrent simplement les formules courantes de leur temps, les Bonifazio se relèvent par l’exécution. Leur touche un peu molle, leur coloris éclatant font songer au vieux Palma et à Giorgione, atteignent même parfois à la fierté mâle du grand Titien, et c’est quelque chose après tout, quand on n’est pas soi-même un créateur, que de ressembler aux maîtres au point de faire illusion. Paul Leprieur.

Bibl. : Zanotto, Pinncoleca deWacca.dp.min veneLa ; Venise, 1833-1834, 2 vol. in-fol. (grav.J. — Ch. Blanc, Hist. des peintres (Ecole vénitienne). — Bernasconi, Sludi sopra la storia pittorica Veronese ; Vérone, 1864, Appendice I. pp. 387-397. — Lermolieff, Die Werlie italienischrr Meisler in den Galérien von Mûnclicn, Dresden und Berlin ; Leipzig, 1880. — Burckhardt, Der Cicérone, éd. Bode ; Leipzig, 1879, t. II, pp. 739-741, in-16. — Woltmann et Woermann, Geschiclde der Malerei ; Leipzig, 1882, t. II, pp. 767-769, in-4. — A voir surtout parmi les écrivains anciens : Vasari (vie de Jacopo Sansovino). — Hidolfi, le Maraviglie deli arle ; Venise, 1648, pp. 269- 280, in-4. — Boschim, le Ricche minere delta pittura veneziana ; Venise, 1674, in-I2. — Zanetti, Dellapitlura veneziana ; Venise 1771, pp. 221-230, in-16. — Cf. Sansovino, Venetia cilla nobitissima e singolare descritta ; 1581.— Lomazzo, Tratallo dell’ arte délia pittura, 158b.

— Biancolini, Supplément à ta Chronica délia città di Verona de Pier Zagata, 1745-1749, 3 vol. in-4, et Morelli, Notizia d’opere di disegno, èdit. Frizzonl ; Bologne, 1884, in-16.

BONIFAZIO (Natale), graveur italien, né à Sebenico, en Dalmatie, en 1550, mort vers 1620. 11 travailla principalement à Borne. En 1571, il exécuta un Saint Jérôme, d’après le Titien, puis Jésus au mont des Oliviers, d’après le même ; Y Adoration des bergers, d’après T. Zuccaro ; la Naissance d’Adonis, d’après Baphael. etc. On lui doit encore des planches de circonstance, des Vues de ISaples, de Palerme, etc., et une suite d’Animaux (1594). G. P-i.

BONIMENT (Théâtre). Le boniment était l’amorce faite à la foule, le petit discours, toujours le même et toujours renouvelé, que l’aboyeur faisait jadis à la porte des petits théâtres pour attirer le public, l’enjôler par des promesses et l’inviter à entrer par un éloge pompeux du spectacle qu’il l’engageait à voir. Dans les foires et dans les fêtes populaires, à la porte des baraques de bateleurs et de saltimbanques, lorsque la parade est finie, le pitre fait encore le boniment, en énumérant et en détaillant au public, avec une emphase comique, les merveilles qui l’attendent s’il se décide à ouvrir sa bourse et à franchir l’entrée de ce temple de toutes les jouissances.

BON IN (Eduard von), général prussien né à Stolp (Poméranie ) le 2 mars 1793, mort à Coblentz le 13 mars 1865. Il se distingua dans les campagnes de 1813-1815 ;