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ractériser comme ayant été aussi follement imaginée et dirigé qu’elle a été méchante et traîtresse. Cette insurrection que la prudence ordinaire et un bon gouvernement aurait dû prévenir, fut promptement supprimée par l’ardeur avec laquelle le peuple et particulièrement le parti breton, se rallia auprès du gouvernement. La proximité de la frontière Américaine, la nature du pays, et le caractère sauvage et audacieux, joint au besoin périodique d’emploi, d’une partie de la population, mirent malheureusement quelques exilés politiques en état de continuer les troubles de leur pays, au moyen de bandes rapasses qui de temps en temps l’ont envahi et volé, sous le prétexte de la révolutionner. Mais la loyauté générale du peuple a été prouvée par le peu de disposition qu’il a montrée à accepter l’aide des réfugiés et des envahisseurs étrangers, et par l’unanimité, avec laquelle ils ont tous pris les armes pour défendre leur pays.

On n’a pu s’assurer au juste quelle portion des habitants du Haut-Canada, était préparée à joindre Mackenzie dans ses entreprises traîtresses ou qui était disposé à se ranger de son côté, s’il eut obtenu un succès momentané. Si j’étais même convaincu qu’une grande proportion de la population, se fût prêtée à ses projets, je ne pourrais attribuer ces disposition qu’à l’irritation produite par les causes temporaires de mécontentement contre le gouvernement provincial, que j’ai mentionnée ci-haut, et non à aucun plan formé par un grand nombre, soit de renverser les institutions existantes soit de changer leur liaison actuelle avec la Grande-Bretagne, pour une jonction avec les États-Unis. Je suis enclin à considérer les mouvements insurrectionnels qui ont eu lieu, comme n’indiquant aucune désaffection enracinée et croire que le parti presque entier des réformateurs de cette province ne voulait employer que des moyens constitutionnels, pour obtenir les réformes pour lesquelles il avait si longtemps et si paisiblement combattu avant les troubles malheureux créés par la violence de quelques aventuriers sans principes et d’enthousiastes échauffés.

On ne peut cependant pas douter, que les événements de l’an dernier ont grandement augmenté la difficulté de régler les maux du Haut-Canada. Un degré de mécontentement, approchant de la désaffection, a gagné considérablement du terrain. Les causes de désaffection agissent encore dans l’esprit des réformateurs ; et leurs espérances de réformes, dans l’état actuel des choses, sont sérieusement diminuées. L’exaspération causée par la lutte elle-même, les soupçons et la terreur de ce moment d’épreuve, et l’usage qu’a fait le parti triomphant du pouvoir qu’il a entre les mains, ont soulevé les passions qui existaient auparavant. Il a certainement trop