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naturellement se soumettre à aucune responsabilité qui abrégerait son règne ou qui entraverait l’exercice de son autorité. Opposé à reconnaître aucune responsabilité envers le peuple de la Colonie, ce parti paraît n’avoir donné qu’une soumission nominale et forcée au Gouvernement Impérial, se reposant sur l’espoir de s’assurer une indépendance virtuelle par cette soumission nominale à l’autorité éloignée du Département Colonial, ou au pouvoir d’un Gouverneur, sur la politique duquel ils étaient certains d’obtenir une influence souveraine.

Les vues de la grande masse des Réformistes paraissent avoir été limitées, suivant leur expression favorite, à rendre la constitution de la Colonie « une exacte copie » de celle de la Grande-Bretagne ; et ils désiraient seulement que la couronne dans le Haut-Canada, comme en Angleterre, confiât l’administration des affaires à des hommes qui possédassent la confiance de l’Assemblée. On ne peut douter cependant qu’il y en avait un grand nombre qui voulaient assimiler les institutions de la Province plutôt à celles des États-Unis qu’à celles de la Mère-Patrie. Quelques personnes, particulièrement d’origine Américaine, paraissent avoir entretenu ces idées dès le commencement ; mais le nombre s’en était beaucoup augmenté par le désespoir, que ceux qui avaient des vues bornées, avaient conçu de les voir mettre à exécution sous la forme existante de gouvernement.

Chaque parti, quand il possédait l’ascendance, a accusé ses adversaires d’avoir abusé de leur pouvoir, sur les fonds publics pour favoriser des espèces d’agiotage si communs dans les Colonies de l’Amérique du Nord, comme je l’ai déjà dit. Ceci doit, peut-être, être attribué à la circonstance mentionnée plus haut, comme augmentant la difficulté d’obtenir aucune exacte information sur la situation réelle de la Province. De ces causes, il eut souvent résulté que les membres de la Chambre d’Assemblée se sont rendus aux réunions de la Législature, ignorant entièrement la nature des intérêts généraux qui étaient confiées à leurs soins, et dans l’intention seulement de promouvoir des objets locaux, et particulièrement avec le désir d’assurer aux comités qu’ils représentaient, ou au district dans lequel ils avaient des relations, une aussi forte proportion que possible des fonds qui étaient à la disposition de la Législature. Dans le Haut-Canada, cependant, ces moyens d’obtenir des octrois ne furent pas aussi étendus que dans le Bas-Canada ; et les grands travaux que la Province a commencés sur une échelle étendue et qu’elle a exécutés avec beaucoup de négligence et de profusion, ont laissé si peu de surplus de revenu, que cette Province seule, de toutes celles de l’Amérique du Nord, a heureusement pour elle-