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nal d’un autre ; et que non seulement on s’efforçait de tromper ceux qui s’enquéraient sur ces sujets, mais même que l’information que l’on donnait dans la meilleure foi, se trouvait généralement être incorrecte. En conséquence, un étranger qui visite quelques uns de ces centres locaux, et qui ne les visite pas tous, est tout-à-fait ignorant des choses, dont une vraie connaissance est essentielle pour comprendre exactement la vraie position des partis, et l’avenir politique du pays.

La lutte politique qui a existé pendant un si longtemps dans l’Assemblée et la presse, paraît avoir représenté, dans tous ses phases, les traits caractéristiques de la partie purement politique de la lutte du Bas-Canada, et comme elle, elle a origine dans une distribution peu sage du pouvoir, d’après le système colonial de la Province. Les disputes financières qui ont si long-temps agité les partis opposés dans le Bas-Canada, furent beaucoup plus facilement et sagement réglées dans la Province supérieure ; et la lutte, quoique s’étendant à une variété de questions plus ou moins importantes, se réduisit clairement à la demande d’un Gouvernement Exécutif responsable.

Dans les détails que j’ai donnés relativement à l’opération du système colonial dans le Bas-Canada, j’ai montré l’effet que l’irresponsabilité des vrais aviseurs du Gouverneur avait eu, en plaçant l’autorité permanente dans les mains d’un parti puissant, lié ensemble, non seulement par des intérêts de parti, mais par des liens personnels. Mais dans aucune des Provinces de l’Amérique du Nord, ce système n’a existé pendant un si longtemps, et à un tel degré, que dans le Haut-Canada, qui a été longtemps gouverné entièrement par un parti communément désigné dans toute la Province sous le nom de « parti de famille » (family compact), nom qui ne convient guère plus que les désignations de parti le sont ordinairement, en autant qu’il y a bien, peu de liaison de famille entre les personnes qui composent ce parti. Pendant longtemps ce corps d’hommes, qui de temps à autre s’est adjoint quelqu’un, a possédé presque tous les emplois importants, au moyen desquels, et aussi par son influence dans le Conseil Exécutif, il a dirigé tous les pouvoirs du Gouvernement. Ce parti a conservé son influence dans la Législature, au moyen de son ascendant dans le Conseil Législatif ; et il a disposé du grand nombre des emplois inférieurs dans toute la Province qui appartient au patronage du Gouvernement. Les Gouverneurs, les uns après les autres, se sont ou tranquillement soumis à cette influence, ou bien après une lutte courte et sans succès, ont laissé à ce parti bien organisé la conduite réelle