Page:Lambton - Rapport de Lord Durham.djvu/5

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mérique Britannique du Nord, dans le but évident de me mettre en état de régler avec plus d’efficacité les questions constitutionnelles qui s’agitaient dans les deux provinces, avec des instructions particulières contenues dans les dépêches du secrétaire d’état, amena sous ma considération le caractère et l’influence des institutions existantes dans toutes les provinces. Je trouvai dans toutes ces provinces une forme de gouvernement si approchante dans l’ensemble, des institutions généralement si semblables et si liées, des intérêts, des sentiments et des habitudes si semblables, que je m’aperçus immédiatement que j’en viendrais à une décision sans faire un usage convenable des matériaux que l’on avait mis à ma disposition, si je ne faisais des enquêtes aussi étendues que mes pouvoirs me permettraient de le faire. Quelle liaison inséparable d’intérêts je trouvai dans les provinces de votre majesté dans l’Amérique du Nord, jusqu’à quel point se ressemblent les maux que j’y rencontrai et qui demandent les mêmes remèdes, est un sujet important qu’il sera de mon devoir de discuter très pleinement avant de clore ce rapport. Mon objet maintenant se borne à expliquer l’étendue de la tâche qui me fut imposée, et de faire ressortir le fait, qu’une enquête dirigée dans l’origine vers deux provinces de votre majesté dans l’Amérique du Nord, s’est nécessairement étendue à toutes.

Pendant que je voyais s’élargir ainsi le champ de l’investigation, et que chaque jour d’expérience et de réflexion imprimait plus profondément sur mon esprit l’importance de la décision qu’il serait de mon devoir de suggérer, il devint également clair que cette décision pour être d’aucun service, devait être prompte et finale. Je n’eus pas besoin d’observations personnelles pour m’en convaincre ; car les maux que j’avais à guérir sont des maux qu’aucune société civilisée ne peut longtemps endurer. Il n’y a aucune classe ou section des sujets de votre majesté dans l’un ni l’autre des Canadas, qui ne souffre pas et du mal existant et du doute qui plane sur la forme et la politique à venir du gouvernement. Tant qu’on laissera subsister le présent ordre des choses, les habitants actuels de ces provinces n’auront aucune sécurité pour leurs personnes ni pour leurs biens, aucune jouissance de ce qu’ils possèdent, aucun aiguillon vers l’industrie. Le développement de ces vastes territoires est arrêté ; et la population, qui devrait être attirée pour les remplir et les fertiliser, se dirige vers des états étrangers. Chaque jour pendant lequel un arrangement final et stable est retardé, la condition des colons s’empire, les esprits s’exaspèrent davantage, et le succès d’aucun plan d’ajustement devient plus précaire.