Page:Lambton - Rapport de Lord Durham.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38

Il parait aussi que la politique du gouvernement britannique a été de gouverner ses colonies, au moyen de divisions, et de les affaiblir autant que possible par de petites communautés isolées, incapables de combinaison et ne possédant aucune force suffisante pour une résistance individuelle à l’Empire. L’on trouve des preuves de cette politique dans beaucoup des actes du gouvernement britannique relatifs aux colonies de l’Amérique du Nord. En 1775 des instructions furent envoyées d’Angleterre, ordonnant que tous les octrois de terres dans la province de Québec, qui comprenait alors le Haut et le Bas-Canada, fussent faits en fief et en seigneurie ; et il fut ordonné que les octrois aux réfugiés loyalistes et aux officiers et soldats des régiments coloniaux, qui leur avaient été promis en 1786, fussent faits d’après la même tenure. On ne peut mieux trouver ceci qu’en citant les conditions annexées aux octrois de terres qui furent faits dans l’Île du Prince-Édouard, par lesquelles il fut stipulé que l’Île serait habitée par « des habitants étrangers ; » comme s’ils devaient être étrangers, pour les séparer du peuple de la nouvelle Angleterre et des protestants, afin de les tenir éloignés des catholiques acadiens et canadiens. Ce fut une partie de la même politique de séparer les Français du Canada, des émigrants britanniques et de se concilier les premiers en leur conservant leur langue, leurs lois et leurs institutions religieuses. À cet effet le Canada fut ensuite divisé en deux provinces : la partie habitée étant accordée aux Français et la partie non habitée étant destinée à devenir le lieu d’une colonisation britannique, ainsi au lieu de profiter des moyens que donnait l’étendue et la nature de la province pour l’introduction graduelle d’une population anglaise dans différentes parties du pays, de manière à mettre facilement les Français dans la minorité, le gouvernement constitua une majorité