Page:Lambton - Rapport de Lord Durham.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183

ant animées d’un esprit de rivalité, et chacune entreprend de grands travaux publics pour l’ornement et la commodité, de son quartier.

Cette distinction dure encore, et cause encore beaucoup de division ; on dit que la société de chaque race est distincte jusqu’à un certain point, mais n’est nullement hostile ; et quelques rapports présentent le mélange social comme étant très grand. Tous les rapports s’accordent à représenter la division des races comme s’effaçant graduellement de plus en plus ; leurs journaux sont écrits dans les deux langues sur des pages opposées ; leur politique locale se confond entièrement avec celle de l’Union ; et au lieu de découvrir dans leurs journaux aucuns vestiges de querelle de races, ils ne se trouvent contenir qu’une répétition des mêmes récriminations et arguments de parti qui abondent dans toutes les autres parties de l’union.

L’explication de cette amalgation est facile à trouver. Les Français de la Louisiane lorsqu’ils furent formés en un état dans lequel ils formaient une majorité, furent incorporés à une grande nation, dont ils ne formaient qu’une très petite partie. Les yeux de tous ceux qui avaient de l’ambition se tournèrent naturellement vers le grand centre des affaires fédérales, et vers les hautes récompenses qu’offrait l’ambition fédérale. On prit le ton de la politique de ceux qui tenaient les plus hauts pouvoirs ; la législation et le gouvernement de la Louisiane furent dès l’origine insignifiants, comparés aux intérêts qui se discutaient à Washington. Ce devint l’objet de tout homme désireux de s’avancer de noyer sa nationalité Française et d’en adopter une complètement Américaine, Ce qui était l’intérêt de l’individu était aussi l’intérêt de l’état. Il était de bonne politique pour lui d’être représenté par ceux qui acquerraient du poids dans les conseils de la fédération. Par conséquent ne parler qu’une langue étrangère à celle des États-Unis fut une disqualification chez un candidat aux postes de sénateur ou de représentant ; les Français se qualifièrent en apprenant l’Anglais, ou se soumirent aux avantages supérieurs de leurs concurrents Anglais. La représentation de la Louisiane au Congrès est maintenant tout anglaise, tandis que chacun des partis fédéralistes dans l’état se concile les Français en soutenant un candidat de cette race. Mais le résultat en est, que l’union n’est jamais troublée par les querelles de ces races ; et la langue et les mœurs Françaises courent le risque, avant peu de temps, de suivre les lois Françaises, et de passer comme les marques distinctives des Hollandais de New-York.

Ce n’est que par les mêmes moyens — par un gouvernement po-