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New-York, jusqu’à tout récemment, souffrit sous ce rapport, mal auquel il remédia de la même manière, en employant une commission de ses plus habiles hommes de loi pour digérer les deux systèmes, de lois en un code commun. Les populations contendantes du Bas-Canada peuvent bien imiter ces exemples ; et si, au lieu de s’efforcer, de s’imposer l’une à l’autre leurs lois respectives, elles tentaient d’amalgamer les deux systèmes en un seul, en adoptant ce qui est réellement bon dans les deux, ce serait un œuvre qui ferait honneur à la province.

Il fut avec soin pourvu à la Louisiane pour assurer aux deux races une participation parfaitement égale à tous les avantages du gouvernement. Il est vrai que le gouvernement fédéral montra son intention d’encourager l’usage de la langue Anglaise par la disposition contenue dans la constitution à l’égard de la langue des actes publics (records) ; mais ceux qui réfléchiront combien peu de gens lisent jamais ces documents, et combien est récente l’époque où la langue Anglaise est devenue la langue de la loi en ce pays, verront qu’une telle disposition pouvait avoir peu d’effet en pratique. Dans tous les cas où la convenance le requiert, les différentes parties se servent de leurs langues respectives dans les cours de justice et dans les deux chambres de la législature. Dans chaque procédé judiciaire, toutes les pièces, qui se passent entre les parties doivent être dans les deux langues et les lois sont publiées dans les deux langues. En vérité, on a recourt à un singulier expédient pour conserver l’égalité des deux langues dans la législature ; les membres Français et Anglais parlent leurs langues respectives, et un interprète, comme on m’en a informé, après chaque discours, en explique la teneur dans l’autre langue.

Pendant longtemps la distinction entre les deux races fut une cause de grande jalousie. Les Américains se portèrent en foule dans l’état pour profiter de ses grandes ressources naturelles, et de ses avantages commerciaux uniques ; là, comme partout ailleurs sur ce continent, leur énergie et leurs habitudes des affaires attirèrent graduellement entre leurs mains la plus grande partie des affaires commerciales, du pays et quoique, comme je le qrois, quelques-uns des plus riches marchands, et la plupart des propriétaires de plantations, soient Français, les Anglais forment la masse des classes les plus opulentes. D’année en année leur nombre s’augmente, et l’on suppose maintenant, généralement qu’ils constituent la majorité numérique. On peut bien penser que les Français ont vu cela avec beaucoup de mécontentement ; mais comme les avantages gagnés par les Anglais était entièrement le résultat, non de la faveur, mais de leur supériorité dans une concurrence parfaitement libre, cette jalousie ne pouvait exciter de murmures contre le gouvernement. La concurrence rendit d’abord les deux races ennemies, mais elle a fini par stimuler l’émulation de la race moins active, et en a fait des rivaux. Les jalousies à la Nouvelle-Orléans furent portées si loin une fois, que la législature de l’état, au désir des Anglais, qui se plaignaient de l’inertie des Français, forma des municipalités séparées pour les parties Française et Anglaise de la cité. Ces deux municipalités sont mainten-