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causes de la contention ont opéré en apparence avec beaucoup de succès contre les progrès ou la continuation de cette espèce de sympathie ; et j’ai le plaisir de croire que la politique suivie pendant mon administration du gouvernement a beaucoup contribué à la faire disparaître. L’unanimité presque complète de la presse des États-Unis, aussi bien que les assurances des individus qui connaissent l’état de l’opinion publique dans ce pays, m’ont convaincu que les mesures que j’ai adoptées rencontrèrent une approbation qui fit complètement tourner le coins de l’opinion en faveur du gouvernement britannique. Je ne puis douter non plus, d’après les témoignages uniformes que j’ai reçus de tous ceux qui ont récemment voyagé dans les États limithropes de l’Union, qu’il y existe à peine dans le moment actuel le plus léger sentiment qu’on puisse proprement appeler sympathie. Quelque assistance que les Insurgés aient récemment reçue de citoyens des États-Unis, on peut l’attribuer à ces animosités nationales qui sont le trop sûr résultat des guerres passées, ou à ces projets non déguisées de conquète et de rapine qui, depuis l’invasion du Texas, ne trouvent que trop de faveur au milieu de la population hardie des frontières. À en juger d’après le caractère et la conduite des Américains les plus saillans, dans les aggressions récentes contre le Haut-Canada, elles paraissent avoir été principalement produites par la dernière cause ; et aucune cause ; ne paraît pas avoir assuré aux insurgés du Bas Canada aucune assistance très-étendue, si ce n’est celle de l’argent et des munitions de guerre, dont on ne peut bien clairement tracer la source. Il s’est trouvé à peine quelques Américains qui aient pris part dans les troubles récents du Bas-Canada. L’année dernière l’insurrection fut le signal de nombreuses assemblées publiques dans toutes les grandes cités des États limitrophes, depuis Buffalo jusqu’à New-York. À ces assemblées on avoua hautement la plus entière sympathie pour les insurgés ; de larges souscriptions furent levées, et on invita les volontaires à joindre. Depuis le dernier soulèvement aucunes manifestations semblables n’a eu lieu : les assemblées que les Nelson et autres ont essayé de faire à New-York, à Philadelphie, à Washington et ailleurs, ont complètement manqué dans leur effet ; et au moment présent il n’existe pas la plus légère indication de sympathie pour les objets des insurgés du Bas Canada, ou de désir de coopérer avec eux pour des fins politiques. Cependant, le danger, qui peut être appréhendé du simple désir de répéter les scènes du Texas dans les Canadas, est un danger à l’abri duquel nous ne pouvons être tant que la désaffection d’aucune portion considérable de la population continuera à donner une apparence de faiblesse à notre gouvernement. On ne peut s’attendre à ce que le gouvernement, fédéral puisse entièrement réprimer de telles tentatives, ou qu’elles puissent être efficacement contrecarrées par l’exercice le plus extrême de son autorité, si une nouvelle tournure des affaires faisait revivre une sympathie forte et générale pour l’invasion du Canada. Sans s’étendre sur la faiblesse nécessaire d’un gouvernement purement fédéral — sans parler de la difficulté que des autorités dont l’existence même dépend de la volonté populaire, trouvent à résister avec succès à une manifestation générale de