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nadas. Dans la dépêche du 9 Août j’ai décrit l’impression que j’avais de l’état des sentiments à l’égard de l’insurrection du Bas-Canada, qui ont existé et existaient alors aux États-Unis. Outre les causes de sentiments hostiles qui découlent de la simple juxta-position de cette puissance vis-à-vis de nos provinces de l’Amérique Septentrionale, j’ai décrit l’influence qui avait été sans aucun doute exercée par cette sympathie politique mal pensée envers les insurgés du Bas-Canada, que les habitants des États-Unis ont été induits à entretenir. Il n’y a pas de peuple au monde si peu fait pour sympathiser avec les vrais sentiments et la vraie poétique des Canadiens-Français, que celui des États-Unis ; aucun peuple si peu disposé à partager leur désir de préserver de vieilles lois barbares, et d’arrêter l’industrie et l’avancement de leur pays, afin de flatter l’idée folle et étroite d’une nationalité rétrécie et visionnaire. Les Américains qui ont visité le Bas-Canada comprennent fort bien l’affaire ; ils voient que la querelle est une querelle de races ; et ils montrent certainement peu d’inclination à prendre la part des Canadiens-Français et de leurs institutions.

Sur le grand nombre de voyageurs Américains, venant de toutes les parties de l’Union, qui visitèrent Québec pendant le séjour que j’y fis, et de la société desquels j’eus, ainsi que les Messieurs attachés à ma mission, l’avantage de jouir, pas un seul n’exprima jamais à aucun de nous aucune approbation de ce qu’on peut appeler les objets nationaux des Canadiens Français, tandis que plusieurs ne cachèrent pas la forte aversion qu’ils leur portaient. Il n’y a pas de peuple au monde auquel les institutions Canadiennes Françaises sont plus intolérables, lorsque les circonstances les forcent à s’y soumettre. Mais la masse du peuple Américain avait jugé de loin la querelle ; ils avaient été obligés de former leur jugement sur les motifs apparents de la dispute ; et ils ont été ainsi trompés, comme sont exposés à l’être tous ceux qui jugent sous de telles circonstances et sur de tels motifs. La contestation avait quelque ressemblance à cette grande lutte de leurs propres ancêtres, qu’ils regardent avec le plus grand orgueil. Comme elle, ils croyaient que c’était une contestation entre une colonie et l’empire dont la mauvaise conduite perdit leur propre pays ; ils considéraient que c’était une lutte entreprise par un peuple qui cherchait l’indépendance d’un contrôle éloigné et l’extension des privilèges populaires ; et enfin une lutte dans laquelle le premier coup était frappé en conséquence de la violation d’une constitution coloniale et de l’appropriation des revenus coloniaux sans le consentement des colons. Nous ne devons pas être surpris que de telles causes apparemment probables et suffisantes fussent généralement prises par le peuple des États-Unis comme expliquant complètement toute la dispute ; qu’on ait vu une forte analogie entre l’insurrection Canadienne et la guerre de l’indépendance ; et qu’un peuple libre et généreux ait montré avec chaleur sa sympathie envers des gens qu’il regardait comme essayant courageusement, avec des moyens inégaux, à faire triompher la cause glorieuse que leurs propres pères avaient triomphalement maintenue. Je crois que la sympathie a été plus forte et plus durable envers le Haut-Canada ; et quoique l’occasion de la lutte fût