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se trouve de huit ou neuf semaines. Lorsque les provisions de l’émigré sont épuisées, le capitaine qui a embarqué quantité de fournitures à dessein, les oblige de lui payer souvent pour leurs moyens de subsistance jusqu’à 400 pour cent sur le prix contant des effets, et il vole ainsi au pauvre son dernier chelin. Des exemples de cette nature se sont présentés fréquemment, et même jusqu’à cette année. »…

… « Les émigrés des paroisses sont généralement à la merci du capitaine ou du contre-maître, qui leur distribuent les provisions et qui souvent réduisent les émigrés à une petite ration aussitôt après le départ. Il se fait fréquemment des plaintes sur les faux poids et la mauvaise qualité des provisions… Des capitaines m’ont dit souvent, que les agents ne faisaient que passer en revue les passagers sur le pont, et s’informer de la quantité de provisions, et dans certains cas les faisaient produire devant eux, et alors il arrivait quelques fois que l’on montrait le même sac de gruau ou d’autres provisions comme appartenant à plusieurs personnes de suite. Le capitaine ne découvrait cela qu’après avoir mis à la voile. La simple revue des passagers sur le pont, sans aller où les provisions sont gardées, n’est point du tout une inspection ; et il arrive fréquemment que les passagers sont passés à bord par contrebande… Bien peu de vaisseaux sont suffisamment pourvus d’eau, ils ont peu de quarts, et ceux qu’ils ont étant de vieux quarts de chêne avec des fonds de pin, coulent beaucoup ; il arrive même souvent qu’ils tombent en botte. Ceci est arrivé dans plusieurs vaisseaux venant de Liverpool… Cette partie de la loi qui fixe l’espace qu’il doit y avoir entre les ponts des vaisseaux qui transportent les émigrés est souvent éludée, au moyen d’un faux pont un peu au-dessous des baux, ce qui fait que les passagers sont obligés de se tenir dans le voisinage du lest humide, pressés dans la partie la plus étroite du vaisseau où les baux prennent une bonne partie de l’espace qui leur est destiné par la loi. Il est tout-à-fait impossible que de tels arrangements puissent échapper à l’œil dans les ports de départ, si cette partie du vaisseau est visitée… Il existe un autre mal que l’on pourrait prévenir, en faisant un choix convenable de vaisseaux, savoir, le choix de vaisseaux qui sont à peine capables de porter la voile, ce qui expose les passagers à de très longs voyages. Comme le tonnage de la première classe des vaisseaux qui vont au Canada est plus que suffisant pour transporter tous les émigrés qui partent dans une année pour le Canada, on ne devrai certainement pas employer les vaisseaux inférieurs… Les rap-