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naturellement enclin à mettre en question l’excellence du gouvernement, attribue cette circonstance mortifiante entièrement à la folie du peuple, qui néglige ses fermes pour s’occuper à se plaindre de griefs et d’abus, il ne laisse aucun doute sur le fait.

Cette observation se trouve confirmée par un autre fait également incontrovertible. Sur toute la frontière, depuis Amherstburg jusqu’à l’Océan, la valeur courante des terres est beaucoup plus élevée du côté Américain que du côté Britannique. Dans plusieurs parties de la frontière, cette différence monte jusqu’à £1000 pour cent, et même davantage dans quelques cas. La différence commune entre le Haut-Canada et les États de New-York, et de Michigan, est notoirement de plusieurs cent pour cent. M. Hasting Kerr, de Québec, qu’on suppose généralement avoir sur la valeur des terres dans le Bas Canada des connaissances plus étendues et plus exactes que qui que ce soit, déclare que le prix des terres incultes dans Vermont et New-Hampshire, auprès de la Ligne, est de cinq piastres l’acre, et d’une piastre seulement dans les townships Britanniques avoisinants. De ce côté-ci de la ligne une très-grande étendue de terre ne trouve aucun acheteur, même à ces bas prix ; tandis que de l’autre côté les terres changent continuellement de mains. Le prix de 2s. ou 3s. l’acre achèterait d’immenses étendues de terre dans le Bas-Canada et au Nouveau-Brunswick. Dans les États voisins on aurait de la peine à s’en procurer un seul lot pour moins d’autant de piastres. À Stanstead et auprès, township situé sur la frontière du Bas-Canada, l’un des plus avancés en améliorations, 48,000 acres de belle terre dont le gouverneur R. S. Eaine obtint la concession en sa faveur en 1800, furent récemment vendus au prix de 2s. l’acre. M. Stayner, le Député Maître Général de la Poste, et l’un des plus grands propriétaires de terres incultes du Bas-Canada, dit : « il y a vingt ans ou environ, j’achetai des terres incultes à un prix qu’on considérait bas alors, dans l’espérance naturelle qu’elles augmenteraient graduellement en valeur, et que, lorsque je voudrais les vendre, ce serait à un profit raisonnable pour l’argent ainsi employé. Cependant, loin de voir cette espérance se réaliser, je trouve maintenant, après le lapse de tant d’années, que l’intérêt accumulé sur l’argent versé a augmenté le prix coûtant de 150 pour cent — je trouve, dis-je, que si j’étais forcé de vendre ces terres, je ne trouverais pas plus qu’elles m’ont coûté dans l’origine. » J’ai appris d’autres que de M. Kerr, mais je cite ses paroles, que « le système suivi dans la concession des terres de la Couronne dans le Bas-Canada, a empêché qu’on ne pût obtenir de l’argent