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ques lieux favorisés, où l’on voit quelque chose d’approchant de la prospérité Américaine, tout parait désert et désolé. Il n’y a qu’un chemin de fer dans l’Amérique Septentrionale Britannique, et ce chemin courant entre le St. Laurent et le Lac Champlain, n’a que 15 milles de long. L’ancienne cité de Montréal, qui est par la nature la capitale commerciale des Canadas, ne peut supporter, la moindre comparaison avec Buffalo qui ne date que d’hier. Mais ce n’est pas dans la différence entre les grandes villes des deux côtés que l’on trouvera la meilleure preuve de notre propre infériorité. Cette triste et incontrovertible vérité est plus manifeste dans les campagnes à travers lesquelles la ligne de séparation nationale passe l’espace de 1000 milles. Là, du côté des deux Canadas, et aussi du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, une population éparse de loin en loin, pauvre et en apparence non entreprenante, quoique vigoureuse et industrieuse, séparé les uns des autres par des étendues de forêts, sans villes, ni marchés, presque sans chemins, vivant dans de misérables maisons, n’arrachant guère plus qu’une subsistance grossière d’une terre mal cultivée, et paraissant incapable d’améliorer sa condition, présente le contraste le plus instructif avec ses voisins entreprenants et prospères du côté Américain. J’ai été assuré que dans les townships de l’Est du Bas-Canada situés sur la ligne, c’est une pratique commune parmi les colons, lorsqu’ils veulent s’assembler, d’entrer dans l’état de Vermont, et de se servir des chemins qui y sont ouverts pour arriver à leur destination dans la Province Britannique. Le Major Head, Assistant Commissaire, dans l’enquête sur les terres de la Couronne, que j’envoyai au Nouveau-Brunswick, dit qu’en voyageant près de la ligne frontière entre cette province et l’état du Maine, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, il pouvait toujours dire de quel côté il était par la supériorité frappante des établissements Américains à tous égards. Où les deux pays sont séparés par le St. Laurent et les lacs, cette différence est moins perceptible, mais pas moins de fait, je puis m’en rapporter aux rapports unanimes de nombreux témoins oculaires, qui n’avaient aucun motif pour me tromper. Pour corroboration ultérieure je pourrais en effet renvoyer à des publications nombreuses laissées sans contradiction ; et il y a de ceci une preuve de cette sorte si remarquable, que je suis induit à la signaler spécialement. Un ouvrage très populaire, qu’on sait être sorti de la plume d’un des principaux fonctionnaires de votre Majesté dans la Nouvelle-Écosse, abonde en assertions et en exemples de la condition arriérée et stationnaire de cette province et de la grande supériorité des établissements Américains. Quoique l’auteur qui n’était pas