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coup de ces abus qui sont encore à réformer. Des témoignages et preuves irrécusables m’ont imposé la conviction de leur existence actuelle. S’ils eussent été passés, j’en aurais à peine parlé. Si j’avais l’espoir de les voir disparaître autrement qu’en leur donnant une publicité authentique, j’aurais hésité à en parler de la manière que je l’ai fait. Comme il en est, je remplirais mal le devoir qu’il à plu à votre Majesté de me confier, si je ne les décrivais dans les termes les plus clairs.

Les résultats d’une longue mal-administration dans ce département sont tels que toute personne qui entendrait le sujet les aurait prévus. L’administration des terres publiques, au lieu de produire toujours un revenu, coûta pendant longtemps plus qu’elle ne rapporta. Mais c’est là, j’ose penser, une légère considération comparée aux autres. Il y en a une en particulier, qui a frappé tout observateur qui a voyagé dans ces régions, et qui est un sujet dont on se vante constamment dans les états limitrophes à nos colonies, je veux dire le contraste frappant que présentent le côté Américain et le côté Britannique sur la ligne frontière, à l’égard de tous les signes de l’industrie productive, de la richesse croissante et de la civilisation progressive.

En décrivant un côté, et en renversant le tableau, l’autre se trouverait aussi décrit. Du côté Américain tout est activité et animation. La forêt a été défrichée au loin ; chaque année il se forme de nombreux établissements, et des milliers de fermes sont créées à même le désert ; le pays est traversé par des chemins publics : les canaux et les chemins de fer sont achevés, ou en train de l’être, les voies de communication et de transport sont couvertes de monde, et animées par de nombreux charriots et de grands bateaux à vapeur. L’observateur est surpris du nombre des havres sur les lacs, et du nombre de vaisseaux qu’ils contiennent, tandis que des ponts, des embarcadères artificiels et des quais commodes se construisent dans toutes les directions aussitôt que le besoin s’en fait sentir. On voit presque sortir de la forêt de bonnes maisons, des magasins, des moulins, des auberges, des villages, des villes et même de grandes cités. Chaque village a sa maison d’école et sa chapelle, chaque ville en a plusieurs avec ses édifices de township, ses librairies, et probablement une ou deux banques et journaux ; et les cités avec leurs belles églises, leurs grandes hôtelleries, leurs bourses, leurs cours de justice, et leurs hôtels municipaux, de pierre ou de marbre si nouveaux et si frais, qu’ils marquent l’existence récente de la forêt sur leurs sites, seraient admirés dans toutes les parties du monde. Du côté Britannique de la ligne à l’exception de quel-