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dignés que dans une province que leur loyauté et leur bravoure ont matériellement contribué à sauver, leurs sentimens soient outragés par les symboles et les processions de cette association. Il est assez difficile de comprendre la nature et l’objet de l’Orangisme un peu anomal du Haut-Canada. Ses membres font profession de leur désir de maintenir la religion protestante, mais de ne nourrir aucun sentiment d’intolérance envers leurs compatriotes catholiques, qui sont les marques distinctives des orangistes Irlandais. Ils prétendent que leur principal objet, auquel le maintien de l’église d’Angleterre est secondaire, est de conserver la connexion avec la Grande-Bretagne. Ils ont assermenté, dit-on, plusieurs catholiques ignorants, pour faire partie de leur corps ; et à leurs dîners publics, après avoir bu à la « pieuse, glorieuse et immortelle mémoire, » avec l’accompagnement ordinaire d’injures contre les catholiques, ils proposent la santé de l’évêque catholique McDonnell. Il paraîtrait que leur grand dessein a été d’introduire les cérémonies plutôt que les maximes de l’Orangisme ; et les chefs espèrent probablement se servir de cette espèce de conspiration permanente et d’organisation illégale pour gagner du pouvoir politique pour eux-mêmes.

Dans le fait les catholiques paraissent à peine voir cette institution avec plus de jalousie que les réformistes de la province. C’est une institution tory irlandaise, dont le but est plus politique que religieux. Les Irlandais Catholiques qui ont été initiés s’y sont introduits principalement à cause de son prétendu caractère national, et probablement avec aussi peu d’égard aux objets politiques que religieux qui y sont attachés. De plus l’organisation de ce corps donne à ses chefs l’exercice d’une puissante influence sur la populace : et il est prétendu, qu’à la dernière élection générale, les tories ont réussi à gagner plus d’un siège par le moyen de la violence de cette populace organisée ainsi placée à leur disposition. Ce n’est pas, à la vérité, à la dernière élection seulement que le succès du candidat du gouvernement a été attribué à l’existence de cette association. Dans des élections précédentes, spécialement dans celle du Comté de Leeds, en assure que le retour du député-grand-maître et du procureur général d’alors, son collègue, doit être attribué aux moyens d’un rassemblement violent et tumultueux d’Orangistes, qui empêchèrent les voleurs du côté opposé de s’approcher du poll.

En conséquence de ceci et d’autres outrages, l’Assemblée présenta une adresse à Sir Francis Head, suppliant « qu’il plût à Son Excellence d’informer la Chambre, si le Gouvernement Provincial avait pris, ou était décidé à prendre, aucune démarche pour prévenir ou décontenancer les processions publiques des Sociétés Orangistes, ou pour empêcher la formation et la continuation de pareilles Sociétés. » À cette adresse le Gouverneur fit la réponse suivante : « Le gouvernement de cette province n’a point pris, et n’est point décidé à prendre aucune démarche pour prévenir ou pour empêcher la formation et la continuation de pareilles Sociétés. » Il est à présumer que ce qui donna lieu à cette réponse, est la croyance dans laquelle était Sir Francis que ces accusations d’outrages et de violences qui faisaient le sujet de l’adresse étaient fausses. Mais il n’est pas surprenant que l’existence d’une telle Société offensant une classe par son mépris hostile contre leur religion, et une autre classe par son opposition violente à sa politique,