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LE MANDARIN.

lui apporteront l’élixir de vie : « Laissez-moi mourir en paix ! »

— Lorsqu’on fait toucher de la main droite une plaie chimérique, dit le mandarin, il faut placer le remède dans la main gauche.

Durand s’arrêta, et regardant autour de lui : — Mon ami, répliqua-t-il, cinq minutes nous suffiront pour gagner les Champs-Élysées. Allons chercher un coin du ciel, de la verdure et des fleurs : la nature est bonne conseillère ! Avant que le matérialisme de Didier germe dans votre cœur, j’y veux déposer quelques bons grains d’idéal.

Les deux jeunes gens choisirent, pour s’y installer, un endroit solitaire près du palais de l’Industrie. Le bruit sourd des voitures, le vague bourdonnement des voix, les murmures d’une fontaine voisine, semblaient le prélude de quelque mélodie grave et contenue.

— Voulez-vous m’apprendre ce qu’il faut faire pour devenir le Messie de la Chine ? demanda le mandarin, non sans quelque ironie.

— Prêtez-moi toute votre attention, dit gra-