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LE MANDARIN.

disposée qu’elle le livre tout à l’amour. »

Le mandarin découvrit que certains désirs de l’auteur de l’Amour se trouvaient être en Chine des réalités. Il lut avec profit les chapitres de la nuit et du lendemain des noces. Tout cela lui fit rêver mariage. Il se plut à changer les accessoires des tableaux, à reporter l’action en d’autres lieux, et il finit par entrevoir un gracieux intérieur chinois. La grossesse, les couches, l’allaitement, tous ces grands drames de la vie privée l’émurent puissamment ; il relut un à un les détails de chaque scène, et il ressentit comme une grande pitié qui lui vint des sens, non du cœur, et le troubla d’une étrange façon.

Au moment de la séparation de l’enfant, il versa des larmes sur la jeune mère. Mais il se rappela que le livre du Lûn-Yu dit pareillement : « Il faut, pour conserver l’affection de ses enfants, les réprimander le moins possible et ne jamais se départir du rôle de tendresse que la nature assigne aux parents ; les enfants doivent être instruits par les étrangers. »