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LE MANDARIN.

L’un des vingt et un préceptes dit : « Regardez un homme dans la pupille de l’œil lorsque vous voulez lui imposer ou surprendre sa pensée. »

En face de nos femmes Pé-Kang se sentait ému et embarrassé ; cette brusque intimité qui s’établit dans un salon entre un homme et une femme complètement étrangers l’un à l’autre, lui paraissait une chose inexplicable.

Quand des curieux l’interrogeaient sur ce point, il répondait :

— Dans toutes les actions de la vie les êtres dépensent une partie de leur puissance ou de leur attrait. L’homme et la femme, dans ce contact incessant, doivent user leur sensibilité.

— Voulez-vous dire, lui demandait-on, que la femme chinoise, enfermée en elle-même, se garde davantage et apporte plus à l’amour ?

— Non, la vierge chinoise n’a pas conscience de tous les charmes de la femme ; elle est belle d’une seule beauté. Si nos femmes ressemblaient aux vôtres, l’amour nous absorberait tout entiers.