Page:Lambert - Le Mandarin.pdf/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.

25
LE MANDARIN.

« Les Français courent d’un point à un autre aussi vite que la poudre, » disait-il.

À Paris, Pé-Kang s’installa dans un hôtel des boulevards. La vivacité de notre langage, de nos allures, le mouvement qui nous emporte vers des choses insignifiantes, tout dans nos mœurs, dans nos coutumes et dans notre caractère, tendait à plonger le jeune Chinois en des étonnements nouveaux et à le sortir de son calme habituel ; il ne pouvait se ressaisir. L’esprit alourdi, l’oreille au guet, la poitrine oppressée, il attendit tout une semaine, du haut de son balcon, que le bruit cessât. Or, le bruit en continuant finit par se transformer ; l’étranger crut entendre mille voix amies l’appeler au dehors, et il s’élança dans le cercle de cette activité fiévreuse. À force de voir courir les autres, il voulut courir à son tour.

Afin de passer inaperçu au milieu de la foule, Pé-Kang se composa, les tailleurs aidant, un costume simple et grave, qui rappelait celui des Turcs de la réforme.

Lorsqu’il fut revenu de ses premières impres-