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LE MANDARIN

qui s’agitent entre votre gouvernement et le nôtre n’intéressent point nos classes inférieures qui dédaignent de s’en émouvoir. Les Tartares, eux, dont les intérêts sont en cause dans tous les différends que la monarchie mandchoue peut avoir avec l’Europe, montrent du patriotisme et combattent l’ennemi avec acharnement. Les Chinois refusent de prendre part à la querelle et ne dissimulent pas leur indifférence.

— Cette indifférence n’est-elle pas de l’apathie, et ne prouve-t-elle pas justement que les Chinois sont inférieurs aux Tartares ? demanda Didier.

— L’indifférence, répondit Pé-Kang, devient aux yeux de notre peuple la meilleure des protestations ; et si notre gouvernement est renversé jamais, ce sera par l’indifférence. Le mépris, fruit de l’indifférence, est plus actif qu’on ne le suppose. Demandez aux prêtres chrétiens et protestants ce qu’ils ne préféreraient pas au froid dédain que les Chinois manifestent pour les